Suivi par télésurveillance des patients porteurs d’un moniteur cardiaque implantable
La HAS s’est autosaisie pour évaluer le suivi par télésurveillance des patients porteurs d’un moniteur cardiaque implantable (MCI).
Les MCI sont des dispositifs médicaux à visée diagnostique permettant une surveillance continue de l’activité cardiaque ; ils détectent et enregistrent automatiquement les troubles du rythme du patient. En France, ils sont indiqués et remboursés dans deux indications : le diagnostic étiologique des syncopes inexpliquées récidivantes et le diagnostic étiologique d’un accident ischémique cérébral (AIC) cryptogénique.
Le suivi conventionnel (SC) des patients consiste en une analyse des données enregistrées, effectuée au cours d’une consultation médicale réalisée environ tous les trois à six mois en présence du patient. L’objectif du présent rapport est d’évaluer un autre mode de suivi : la télésurveillance (TS), qui consiste pour l’équipe de soins à lire et à interpréter, à distance via un site Internet sécurisé, les données enregistrées et télétransmises quotidiennement par le MCI.
La HAS a retenu deux questions principales d’évaluation pour répondre à cet objectif :
- évaluer l’intérêt clinique pour le patient porteur d’un MCI d’être suivi par TS par rapport à un SC ;
- évaluer l’impact organisationnel de la TS des MCI sur le système de santé et identifier les conditions optimales de réalisation de cette TS.
La méthode de travail utilisée pour réaliser cette évaluation a consisté en :
- une analyse critique de la littérature identifiée après une recherche systématique et une sélection sur critères explicites ;
- le recueil de la position d’un groupe d’experts individuels (cardiologue/rythmologue, infirmier(e) de télécardiologie, neurologue, spécialiste de la télémédecine) ;
- l’interrogation des fabricants de MCI commercialisés en France afin de recueillir les données dont ils disposent sur l’utilisation de la TS en France ;
- le recueil du point de vue collectif des organismes des professionnels de santé (cardiologie, IDE, neurologie, télémédecine) et des associations de patient(e)s.
L’apport de la littérature est mineur en raison de la paucité à la fois quantitative et qualitative des données ainsi que de l’ancienneté des études. Les conclusions de ce rapport d’évaluation se fondent donc essentiellement sur l’avis d’experts.
Ces conclusions sont les suivantes :
- le suivi par TS présente un intérêt clinique supérieur à celui du SC car il conduit à la précocité de la pose du diagnostic et de la prise en charge thérapeutique du patient. ; selon les experts, ce raccourcissement des délais a un impact pronostique positif pour les patients au vu du risque de récidive de la syncope ou de l’AVC pouvant engager le pronostic vital du patient ;
- sous réserve de la mise en place d’une bonne organisation (voir ci-dessous), le suivi par TS présente un intérêt organisationnel, supérieur à celui du SC (pour le patient : meilleure régularité du suivi, meilleur accompagnement et baisse des déplacements ; pour l’équipe de soins : répartition pertinente des tâches entre infirmier et rythmologue, gain du temps médical, baisse des consultations non justifiées et valorisation des compétences des infirmiers en rythmologie et en éducation thérapeutique).
Cette évaluation permet donc aussi de proposer une organisation optimale du suivi par TS des patients porteurs d’un MCI. Celle-ci comprend : l’information, le recueil du consentement et l’éducation thérapeutique du patient, une répartition des tâches entre infirmier(s) et rythmologue(s) pour la gestion des données, une place limitée des consultations justifiées par des tracés pathologiques, l’intervention du fabricant pour résoudre les problèmes techniques, ainsi que l’envoi régulier de comptes-rendus du suivi par TS aux patients et aux différents professionnels de santé le prenant en charge.