ABRYSVO (vaccin du virus respiratoire syncytial (bivalent, recombinant)) - Virus Respiratoire Syncytial (VRS) chez les nourrissons

Avis sur les Médicaments - Mis en ligne le 01 août 2024

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L'essentiel

Avis favorable au remboursement dans la protection passive contre la maladie des voies respiratoires inférieures causée par le virus respiratoire syncytial (VRS) chez les nourrissons de la naissance jusqu’à l’âge de 6 mois à la suite de l’immunisation de la mère pendant la grossesse selon les recommandations vaccinales en vigueur de la HAS datant du 6 juin 2024.

 

Quel progrès ?

Un progrès thérapeutique dans la prise en charge.

 

Quelle place dans la stratégie thérapeutique ?

Au terme de son évaluation, la HAS recommande la vaccination des femmes enceintes contre le VRS afin de réduire le fardeau lié aux infections à VRS chez les nourrissons. Elle considère que le vaccin ABRYSVO (vaccin du virus respiratoire syncytial (bivalent, recombinant)) peut être utilisé dans le cadre de cette stratégie vaccinale. Toutefois, dans l’attente de données de pharmacovigilance supplémentaires et afin de limiter les conséquences compte tenu d’un potentiel surrisque de naissances prématurées (non significatif pour ce vaccin, mais ayant conduit à l’arrêt du développement d’un vaccin concurrent), et compte tenu du manque de données d’efficacité vaccinale pour les nouveau-nés prématurés, la HAS recommande, par précaution, que le vaccin soit administré uniquement entre 32 et 36 semaines d’aménorrhée.

En outre, dans l’état actuel des connaissances, la HAS précise que la vaccination maternelle et l’immunisation passive par anticorps monoclonaux sont deux stratégies alternatives. La HAS recommande que les deux stratégies de prévention des infections à VRS soient présentées et expliquées au(x) futur(s) parent(s) pendant la grossesse afin de permettre leur décision éclairée quant à la protection du nourrisson et estime nécessaire que soient développés des supports d’information adaptés au(x) futur(s) parent(s) et aux différents professionnels de santé impliqués dans cette vaccination (médecins généralistes, sages-femmes, pédiatres, pharmaciens, gynécologue-obstétriciens, infirmiers, urgentistes, réanimateurs). Néanmoins, dans les cas où la vaccination n’a pas été réalisée chez la femme enceinte ou lorsqu’elle n’est probablement pas efficace (nouveau-nés prématurés, intervalle entre la vaccination et la naissance de moins de 14 jours), la HAS préconise un rattrapage par immunisation passive par anticorps monoclonaux. En l’absence de données d’efficacité et d’immunogénicité chez les femmes immunodéprimées, la HAS recommande préférentiellement l’administration d’anticorps monoclonaux chez le nourrisson.

Compte tenu du caractère saisonnier du VRS ainsi que des données d’efficacité contre les formes sévères qui montrent une protection pendant les six premiers mois après l’accouchement, et de façon à améliorer l’adhésion et le choix des familles, la HAS recommande que la campagne de vaccination soit concomitante avec la campagne d’immunisation par BEYFORTUS (nirsévimab), soit en amont du début de la période épidémique et jusqu'à la fin de cette période (soit de septembre à janvier pour la métropole). Afin d’optimiser la mobilisation et l’acceptabilité des professionnels de santé et des parents, la HAS préconise une accessibilité des deux médicaments (vaccin et anticorps monoclonaux) dans les maternités.

La HAS précise que le vaccin ABRYSVO (vaccin du virus respiratoire syncytial (bivalent, recombinant)) peut être administré en même temps qu’un vaccin contre la grippe ou contre la COVID-19 et rappelle que, conformément à son AMM, un intervalle minimum de deux semaines est recommandé entre l’administration du vaccin diphtérie-tétanos-coqueluche acellulaire (dTca) et l’administration d’ABRYSVO (vaccin du virus respiratoire syncytial (bivalent, recombinant)).

En l’absence de donnée concernant la sécurité et l’efficacité d’une dose additionnelle de vaccin dans le cadre d’une grossesse consécutive, la HAS ne se prononce pas sur la pertinence d’une revaccination lors de grossesses ultérieures chez une femme enceinte déjà vaccinée au cours d’une grossesse antérieure. Dans l’attente de ces données, et compte tenu de la baisse des titres d’anticorps neutralisants contre le VRS chez la femme enceinte dans le temps, la HAS préconise de privilégier l’immunisation passive du nouveau-né en cas de nouvelle grossesse après une première vaccination.

La HAS rappelle l’importance des gestes barrières comme mesures de protection complémentaires de la vaccination maternelle et de l’immunisation passive du nourrisson par anticorps monoclonal contre le VRS.

La HAS insiste sur l’importance de la mise en place d’une pharmacovigilance renforcée (études de sécurité post-autorisation) notamment en vue de documenter le risque potentiel de naissances prématurées.

Cet avis pourra être revu au regard des résultats complets des essais en cours, des essais à venir, des données de pharmacovigilance et des données en vie réelle des autres pays.

 

Dans le périmètre du remboursement :

La Commission de la transparence considère qu’ABRYSVO (vaccin du virus respiratoire syncytial (bivalent, recombinant)) doit être utilisé selon son AMM et selon les recommandations vaccinales en vigueur. Il doit être utilisé dans la protection passive contre la maladie des voies respiratoires inférieures causée par le virus respiratoire syncytial (VRS) chez les nourrissons de la naissance jusqu’à l’âge de 6 mois à la suite de l’immunisation de la mère pendant la grossesse uniquement entre 32 et 36 semaines d’aménorrhée.

Le résumé des caractéristiques du produit (RCP) et le Plan de Gestion des Risques (PGR) doivent être respectés.


Service Médical Rendu (SMR)

Modéré

Le service médical rendu par ABRYSVO (vaccin du virus respiratoire syncytial (bivalent, recombinant)) est modéré dans la protection passive contre la maladie des voies respiratoires inférieures causée par le virus respiratoire syncytial (VRS) chez les nourrissons de la naissance jusqu’à l’âge de 6 mois à la suite de l’immunisation de la mère pendant la grossesse uniquement entre 32 et 36 semaines d’aménorrhée, selon les recommandations en vigueur de la HAS datant du 6 juin 2024.


Amélioration du service médical rendu (ASMR)

IV (mineur)

Compte tenu :

  • du besoin médical insuffisamment couvert dans la prévention des infections des voies respiratoires inférieures dues au VRS chez les nouveau-nés et les nourrissons, au cours de leur première saison de circulation du VRS ;
  • de la démonstration d’une supériorité du vaccin ABRYSVO par rapport au placebo chez 6975 nourrissons nés de mères vaccinées pendant la grossesse en termes de réduction des cas d’IVRI-VRS sévères jusqu’à J180 (0,5 % dans le groupe ABRYSVO vs 1,8 % dans le groupe placebo) soit une EV de 69,4 % [44,3 ; 84,1] ;
  • d’un profil de tolérance acceptable du vaccin ABRYSVO marqué par des EI majoritairement de grade 1 (légers) ou 2 (modérés), de type douleurs au site de vaccination (41 %), des céphalées (31 %) et des myalgies (27 %). Toutefois, un suivi de pharmacovigilance est nécessaire en raison d’un potentiel surrisque de naissances prématurées (non significatif pour ce vaccin, mais ayant conduit à l’arrêt du développement d’un vaccin concurrent) ;

Mais :

  • d’une réduction non significative de l’incidence des cas d’IVRI-VRS (co-critère principal de jugement) : 0,7 % dans le groupe ABRYSVO vs 1,6 % dans le groupe placebo soit une efficacité vaccinale (EV) égale à 57,1 % [14,7 ; 79,8] ; la significativité n’est pas retenue du fait d’une borne inférieure de l'IC en-dessous de 20 % dans les 90 jours suivant la naissance :
    • d’une réduction des hospitalisations (critère de jugement secondaire) : EV de 67,7 %, IC99,17% = [15,9 ; 89,5] rapportée à J90 après la naissance avant de décroitre dans le temps atteignant les valeurs de 59,5 % [8,3 ; 83,7], 56,4 % [5,2 ; 81,5], 56,8 % [10,1 ; 80,7], 33,3 % [-17,6 ; 62,9] à J120, 150, 180 et 360 après la naissance respectivement ;
    • d’un impact non démontré sur la réduction de la durée d’hospitalisation, de transfert en unité de soins intensifs ou en réanimation et de la mortalité imputables aux infections à VRS ;
    • de l’absence de donnée comparative permettant de différencier de manière robuste la vaccination maternelle durant la grossesse par rapport à la stratégie alternative d’immunisation passive dès la naissance par anticorps monoclonal ;

la Commission considère qu’ABRYSVO (vaccin du virus respiratoire syncytial (bivalent, recombinant)) apporte une amélioration du service médical rendu (ASMR IV) dans la protection passive contre la maladie des voies respiratoires inférieures causée par le virus respiratoire syncytial (VRS) chez les nourrissons de la naissance jusqu’à l’âge de 6 mois à la suite de l’immunisation de la mère pendant la grossesse uniquement entre 32 et 36 semaines d’aménorrhée.