Les erreurs diagnostiques en médecine
Qu'est-ce qu'une erreur diagnostique ?
Plusieurs définitions de l’erreur diagnostique en médecine existent dans la littérature.
L’Institute of Medicine les a synthétisées en deux notions : « l’incapacité à établir une explication précise et opportune du ou des problèmes de santé du patient ou à communiquer cette explication au patient ». L’Agency for Healthcare Research and Quality (AHRQ) a repris et adapté ces deux concepts et a défini un « évènement de sécurité diagnostique » comme la survenue de l’un ou des deux des éléments suivants (que le patient ait subi des conséquences ou non) :
- diagnostic retardé, erroné ou manqué : il y a eu une ou plusieurs occasions manquées de rechercher ou d’identifier un diagnostic précis et opportun (ou une autre explication) des problèmes de santé du patient sur la base des informations qui existaient à ce moment-là ;
- diagnostic non communiqué au patient : un diagnostic précis (ou autre explication) des problèmes de santé du patient était disponible, mais il n’a pas été communiqué au patient (y compris le représentant du patient ou sa famille, selon le cas).
Pourquoi un état des lieux sur les erreurs diagnostiques?
Le diagnostic est une part importante de l’activité de nombreux professionnels de santé. La qualité du diagnostic détermine le plus souvent la qualité du traitement et du pronostic, et donc le résultat du soin. Or, comme tout processus humain, le diagnostic peut être entaché d’erreurs.
Ainsi, les erreurs diagnostiques seraient plus communes que les erreurs médicamenteuses et affecteraient jusqu’à 10 % des interactions cliniques patient-médecin. Les études à grande échelle dans différents pays ont montré que la part des évènements indésirables associés aux soins (EIAS) dus à des erreurs diagnostiques allait de 7 à 36 %. Aux États-Unis, les décès liés aux erreurs diagnostiques représenteraient 25 % de tous les décès par erreur médicale, sachant que les erreurs médicales y sont la 3e cause de mortalité.
Leur complexité et leurs origines cognitives et systémiques rendent les erreurs diagnostiques difficiles à identifier et à mesurer. De ce fait, mais aussi en raison d'attitudes culturelles, elles n’ont pas été souvent au centre des préoccupations des organisations responsables de la qualité et de la sécurité des soins et ont reçu moins d’attention que les autres erreurs médicales. Cependant, dans son « Plan d'action mondial pour la sécurité des patients 2021-2030 », l’Organisation mondiale de la santé (OMS) incite les gouvernements à établir un programme d’amélioration de la sécurité des patients portant notamment sur la sécurité diagnostique.
En France, le sujet a été pour l’instant peu abordé. Au travers de ce rapport synthétique, la HAS a souhaité faire le point pour pouvoir proposer des actions nationales d’amélioration de la sécurité diagnostique.
Quelles actions pour améliorer la sécurité diagnostique ?
Sur la base du travail réalisé, la HAS préconise dans un premier temps :
- d'élaborer une stratégie nationale de lutte contre les erreurs diagnostiques, qui définirait précisément et concrètement le périmètre du sujet ;
- de communiquer cette stratégie auprès des parties prenantes (dont professionnels de santé, structures de soins, organismes professionnels et responsables de la formation médicale), pour faire prendre conscience des enjeux de l’erreur diagnostique ;
- de soutenir la recherche sur le sujet.
Dans un second temps, il serait important que les organismes professionnels se saisissent du sujet et définissent des normes de mesure et de résultat de la performance diagnostique dans chaque spécialité. En outre, l'incitation à la déclaration des erreurs diagnostiques, la rétro-information des médecins et le développement d'outils de mesure permettraient de quantifier le problème et de cibler les situations nécessitant la mise en place d'actions d'amélioration. Enfin, il serait nécessaire de mettre à disposition des professionnels des outils de gestion des risques liés aux erreurs diagnostiques.