Évaluation de la sécurité et des conditions de réalisation de l’autogreffe de tissu adipeux dans la chirurgie reconstructrice, réparatrice et esthétique du sein

Evaluation des technologies de santé - Mis en ligne le 27 avr. 2015

Objectifs

Les questions médicales de cette évaluation portent principalement sur la sécurité de l’acte d’autogreffe de tissu adipeux dans le sein et peuvent être regroupées en 3 grandes thématiques : les complications péri et postopératoires et la sécurité oncologique, les modifications radiologiques et leur impact sur la prise en charge des patients, ainsi que les conditions de réalisation.

Méthode

La méthode d'évaluation utilisée dans ce rapport comporte :

  • une analyse critique des études cliniques identifiées par une revue systématique portant sur la période de janvier 2003 à octobre 2014 ;
  • le recueil de la position argumentée d’un groupe de travail ;
  • la consultation de l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux et d’un assureur mutualiste des professionnels de la santé (groupe MACSF).

Les conclusions du rapport de l’évaluation sont fondées sur les données ainsi recueillies. Ces conclusions sont examinées par la Commission nationale d’évaluation des dispositifs médicaux et des technologies de santé puis validées par le Collège de la HAS.

Résultats

Actuellement, l’analyse de la littérature ne permet pas de conclure formellement sur la sécurité de l’acte d’autogreffe de tissu adipeux dans le sein (complications et sécurité oncologique), quelle que soit l’indication concernée (chirurgie esthétique, réparatrice ou reconstructrice, avec ou sans antécédent de cancer du sein), en raison du peu d’études identifiées (n=4), de leur niveau de preuve intermédiaire (études prospectives non comparatives non randomisées avec un suivi des patientes court) et de leur hétérogénéité.

Il peut toutefois être noté que les taux de complications immédiates rapportés sont relativement faibles (0 % à 4 % des interventions) et que l’apparition de modifications radiologiques est plutôt fréquente, comme après toute chirurgie mammaire (jusqu’à 40 % des interventions). Aucune des études identifiées ne met en évidence de risque oncologique suite à la réalisation de cet acte.

La position du groupe de travail consulté lors de cette évaluation est que l’autogreffe de tissu adipeux dans le sein est un acte efficace, simple et qui entraîne peu de risque de complications. L’absence de données pertinentes sur la sécurité oncologique de cet acte est cependant reconnue, ce qui a conduit le groupe de travail à proposer un encadrement spécifique de cette technique, en accord avec les recommandations existantes. Des préconisations ont ainsi été émises sur plusieurs points dont les contre-indications à la technique, le contenu des bilans pré et postopératoire, la qualification des professionnels de santé impliqués, le lieu de l’intervention, la protocolisation de la technique, ainsi que les fiches d’information destinées aux patientes

Conclusion

Prenant en considération la diffusion en pratique clinique de la technique de l’autogreffe de tissu adipeux et l’absence de signal négatif sur les aspects de sécurité de cet acte, la HAS considère, sous réserve du respect des modalités de recours à cette technique, des conditions de réalisation proposées par les membres du groupe de travail et de la mise en œuvre d’un suivi des patientes opérées, que l’autogreffe de tissu adipeux constitue une modalité chirurgicale possible dans la chirurgie réparatrice, reconstructrice et esthétique du sein, en dehors de la symétrisation du sein controlatéral au décours d’une chirurgie carcinologique mammaire.

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