Introduction – Objectif

Le virus Zika est un flavivirus transmis par piqûre de moustiques. Depuis mai 2015, ce virus est à l’origine d’une importante épidémie au Brésil qui s’est ensuite répandue rapidement en Amérique centrale et du Sud, ainsi que dans les Caraïbes et affecte aujourd1’hui les départements français d’Amérique (DFA), en particulier la Martinique et la Guyane. La majorité des personnes infectées ne présentent pas de symptômes et dans les cas symptomatiques, la maladie est habituellement bénigne. Cependant, une augmentation inhabituelle des cas de microcéphalies fœtales ou néonatales ainsi que des syndromes de Guillain-Barré (SGB), contemporaine à l’épidémie par le virus Zika, a conduit l’OMS à déclarer que cette épidémie constituait une « urgence de santé publique de portée internationale », même si les liens de causalité ne sont pas à ce jour totalement démontrés. Dans ce contexte, compte tenu de la situation épidémiologique actuelle dans les DFA, et du risque potentiel en métropole dans les régions où le moustique est présent, la HAS a été saisie par la Ministre de la Santé pour l’obtention en urgence d’un avis concernant le test de détection directe du virus par RT-PCR dans le sang et les urines. Ce test peut en effet permettre de confirmer ou infirmer le diagnostic d’infection par le virus Zika chez un sujet suspecté d’être infecté du fait de la survenue de certains symptômes évocateurs. Cet avis permettra l’inscription de ce test à la Nomenclature des actes de biologie médicale (NABM).

Méthode

Pour répondre dans les délais souhaités à cette demande s’intégrant dans un contexte d’urgence de santé publique, la HAS a réalisé une analyse critique de la littérature synthétique issue d’une recherche documentaire systématique, puis recueilli la position du Centre national de référence des arbovirus pour identifier les éléments.

Résultats

La HAS donne un avis favorable à l’inscription à la NABM de cet acte dans l’indication et les conditions de réalisation suivantes :

indication :

  • suspicion d’une infection par le virus Zika chez un patient :
    • symptomatique : pour rappel, les signes d’une infection à Zika sont un exanthème maculopapuleux avec ou sans fièvre, avec au moins deux des symptômes suivants : hyperhémie conjonctivale, arthralgies, myalgies en l’absence d’une autre étiologie ;
    • et se trouvant en zone de transmission du virus Zika ou de retour de zone de transmission (dans une limite de deux semaines suivant ce retour) ;
  • pour le prélèvement sanguin jusqu’à sept jours entre le moment de survenue des symptômes et la réalisation du prélèvement ; dans les urines jusqu’à dix jours entre le moment de survenue des symptômes et le recueil des urines ;

conditions de réalisation :

  • respect et rappel de l’indication (présence de symptômes et leur date de survenue) par le prescripteur dans sa demande ;
  • pour le sang, indifféremment utilisation de sérum ou de plasma (sur tube EDTA) ; prélèvement (sang et urines) conservé à + 4°C ;
  • technique de RT-PCR capable de détecter les deux lignages du virus Zika (africain et asiatique) ;
  • en cas de risque de co-circulation des virus de la dengue et du chikungunya, recherche de Zika associée à la recherche de ces deux virus par un laboratoire en capacité de rechercher aussi ces deux virus.

La HAS souligne néanmoins la rareté des données probantes actuellement disponibles, en particulier pour les périodes de virémie et de virurie. Les réserves portent aussi sur l’absence de calibration standardisée et donc de seuil de détection homogène entre les laboratoires (résultat uniquement qualitatif). Enfin, du fait de la brièveté probable de la virémie et virurie, et de la difficulté à parfois dater le premier jour des symptômes, un résultat négatif de RT-PCR doit être interprété avec précaution. Si de nouvelles données concernant ces différents points apparaissent, le présent avis pourra être révisé.

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