Actualisation des actes de biologie médicale relatifs au diagnostic et au suivi de l’hépatite E
Objectifs
L’objectif de ce travail est d’évaluer la pertinence des propositions de l’Assurance maladie visant à actualiser la liste des actes pris en charge pour le diagnostic et le suivi de l’hépatite virale E (recherche de l’ARN et recherche des anticorps sériques), en précisant leurs indications et les techniques utilisées. Cette hépatite est une infection virale à transmission entérique, dont l’incidence ne cesse d’augmenter ces dernières années dans les pays industrialisés.
Ce travail n’a pas pour objectif d’évaluer le traitement, le dépistage ou la prise en charge globale de cette hépatite.
Méthode
La méthode retenue comprend:
- la réalisation d’une analyse critique de la littérature synthétique (recommandations de bonne pratique, rapports d’évaluation technologique, méta-analyses et revues systématiques) identifiée par une recherche documentaire systématique puis sélectionnée sur des critères explicites ; ont ainsi été retenues deux revues systématiques et douze recommandations de bonne pratique ; pour comprendre les conclusions parfois divergentes de ces documents, les références citées en appui de leurs conclusions ont également été analysées;
- le recueil de la position argumentée des organismes professionnels des spécialités concernées par le sujet (biologie médicale, infectiologie, hépatologie, transplanteur et greffeur) et du Centre national de référence des hépatites à transmission entérique.
Conclusion
Cette évaluation constate l’existence de divergences entre les données ainsi recueillies sur certains points de l’évaluation. Elle permet aussi de constater des faiblesses méthodologiques de certaines publications de la littérature synthétique, ainsi que la faible qualité ou l’absence de références sur lesquelles ces publications se sont appuyées.
Cette évaluation permet néanmoins de conclure que:
- La recherche de l’ARN du VHE, par RT-PCR actuellement, trouve sa place dans la prise en charge des patients immunodéprimés dans le diagnostic d’une infection aiguë, le diagnostic d’une infection chronique, et la surveillance thérapeutique. Pour le diagnostic, cet examen est réalisé principalement sur un prélèvement sanguin ; pour le suivi du traitement, il est réalisé sur prélèvement sanguin et sur les selles. Dans le cas d’une infection chronique, une confirmation de la persistance virale est réalisée jusqu’à six mois. Pour le diagnostic d’une infection aiguë chez les patients immunocompétents, la détection de l’ARN du VHE peut être réalisée dans le cas de manifestations graves d’hépatite aiguë, avec une suspicion d’infection à VHE.
- La recherche des IgM sériques anti-VHE, par une technique EIA, trouve sa place dans le diagnostic d’une infection aiguë chez les patients immunocompétents et immunodéprimés.
- Sur la base de l’opinion quasi-unanime des organismes professionnels, la recherche du VHE et celle des autres virus hépatiques peuvent avoir lieu concomitamment en cas de suspicion d’hépatite virale.
- Enfin, la recherche des IgG anti-VHE pour détecter une infection ancienne ne peut être retenue car aucune des données recueillies ne renseigne son utilité clinique. De même, en ce qui concerne l’utilisation de cette recherche dans le cadre d’une infection aiguë, les données recueillies sont trop ténues pour la préconiser dans cette indication.