24 mars 2017

En France, près de 150 000 personnes seraient atteintes par le VIH et 20% d’entre elles ignoreraient leur séropositivité. L’objectif du dépistage est d’identifier ces personnes infectées afin de leur proposer un traitement le plus précocement possible et de réduire le risque de transmission. Pour atteindre l’objectif d’éradication de l’épidémie, la HAS revoit aujourd’hui sa stratégie de dépistage. Elle recommande de concentrer les efforts sur les populations les plus exposées au risque d’infection et de continuer à inciter chaque personne à se faire dépister au moins une fois dans sa vie.

Depuis plusieurs années en France, le nombre de nouvelles infections ne diminue pas : il est estimé à plus de 7 000 par an. A ce constat s’ajoutent des chiffres tout aussi préoccupants : 40% des infections sont diagnostiquées tardivement et 20% des personnes atteintes ignoreraient encore leur séropositivité.

Le dépistage permet pourtant de proposer des traitements précoces ce qui présente deux bénéfices : réduire considérablement les complications de l’infection pour la personne atteinte et limiter la transmission du virus à d’autres personnes. Conjointement à l’usage du préservatif, la connaissance précoce de l’infection à VIH et sa prise en charge médicale sont les seuls moyens de stopper l’épidémie.

Depuis la stratégie de dépistage proposée en 2009 par la HAS et au regard des dernières données épidémiologiques et de recours au dépistage, la HAS propose aujourd’hui de nouvelles recommandations pour contribuer à l’objectif d’éradication de l’épidémie à court terme visé par ONUSIDA.

Dépister…

- en priorité les populations les plus exposées

Afin de freiner la dynamique de circulation du virus, il convient de renforcer la fréquence de dépistage au sein de populations-clés, c’est-à-dire les plus exposées au risque d’infection à VIH :

  • tous les 3 mois pour les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (risque d’infection 200 fois plus important*) ;
  • tous les ans pour les utilisateurs de drogue par injection (risque 20 fois plus important*) ;
  • tous les ans pour les personnes originaires de zones à forte prévalence, notamment d’Afrique subsaharienne (risque 70 fois plus important pour les femmes et 30 fois plus pour les hommes*) et des Caraïbes.

Bien que les personnes au sein de ces populations soient très inégalement exposées au risque d’infection, il apparaît essentiel de leur transmettre un message unique ainsi qu’aux professionnels de santé et aux associations.

 

- chaque personne au moins une fois dans la vie, avec une vigilance particulière dans certaines régions et auprès des hommes

La proposition d’un test de dépistage doit tenir compte en particulier de l’incidence de l’infection et de la prévalence de l’infection non-diagnostiquée plus élevées que la moyenne nationale en Île-de-France (42% des nouvelles infections annuelles), dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (7%) et dans les départements français d’Amérique (Guyane, Guadeloupe et Martinique). Cette même vigilance doit concerner les hommes qui représentent près des ¾ des personnes ignorant leur séropositivité et ont un moindre recours au système de soins que les femmes.

La HAS insiste par ailleurs sur le fait que toute démarche individuelle et volontaire de recours au dépistage doit être encouragée et facilitée.

 

... en favorisant un accès individualisé au dépistage par :

- le recours à des outils de dépistage diversifiés

L’existence de tests aux caractéristiques différentes (test sanguin Elisa en laboratoire, test rapide d’orientation diagnostique (TROD), autotest de dépistage de l’infection à VIH) doit permettre à chacun de trouver la solution la mieux adaptée à sa situation personnelle et de faciliter pour les professionnels les occasions de proposer un dépistage. La HAS reconnaît notamment l’intérêt des actions de dépistage par TROD « hors les murs » à la rencontre des populations-clés, réalisées par les associations et les centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD). En outre pour la HAS, la réalisation d’un test sanguin en laboratoire d’analyses médicales sans prescription médicale doit rester possible et l’accès aux autotests auprès de pharmaciens d’officine doit être facilité.

- des messages de prévention renouvelés et personnalisés

Le dépistage doit s’insérer dans une démarche de prévention reposant sur des messages renouvelés, clairs et adaptés aux différents publics (en tenant compte notamment de l’âge, des pratiques sexuelles, du niveau d’exposition au risque, de la culture, du degré de connaissance  par la personne des modes de transmission de la maladie et des moyens de s’en protéger). Ces messages personnalisés, visant à prévenir la transmission de l’infection et à responsabiliser les individus, devront promouvoir l’utilisation du préservatif, et selon les cas, le traitement post-exposition, le contrôle des infections sexuellement transmissibles (IST), l’utilisation de traitements dans un cadre préventif (la TasP – Treatment as Prevention –  pour les personnes séropositives et la PrEP – prophylaxie pré-exposition – pour les personnes non infectées, cf. encadré infra) et la prise en charge globale et rapide lorsqu’il y a une infection.

 

La PrEP par Truvada®

Un outil complémentaire pour réduire la transmission du VIH dans des populations à haut risque, mais qui ne remplace pas le préservatif

 

La HAS publie aujourd’hui également une fiche de bon usage de la PrEP (prophylaxie pré-exposition) par Truvada® à destination des professionnels de santé qui seraient amenés à prescrire ce médicament à l’hôpital et dans les CeGIDD  (primo-prescription et renouvellement annuel) ainsi qu’en médecine de ville (renouvellement trimestriel).

 

Qu’est-ce que c’est ?

La PrEP est un nouveau moyen de prévention du VIH qui repose sur la prise d’un médicament par une personne non infectée par le VIH ayant des conduites à risque d’infections.

 

Quelle efficacité ? Quels risques ?

La HAS insiste sur le fait que la PrEP ne peut pas remplacer le recours au préservatif, qui est le seul outil de prévention efficace à la fois sur le VIH et les IST.

 

Truvada® dans la PrEP :

  • réduit le risque d’infection du VIH, mais ne l’élimine pas (réduction du risque de 44 à 86% selon les études) ;
  • ne protège pas des autres infections transmissibles sexuellement (syphilis, gonococcie, chlamydiae,…) ou par le sang (hépatite C) ;
  • peut entraîner des effets indésirables graves (insuffisance rénale et fragilité osseuse) ;
  • a une efficacité maximale uniquement si le schéma de prise (continue ou discontinue) est strictement respecté.

 

À qui s’adresse la PrEP ?

La HAS est favorable à l’utilisation de Truvada® en PrEP pour réduire la transmission du VIH chez :

  • les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, personnes transgenres et prostitué(e)s/travailleur(se)s du sexe non infectées par le VIH et ayant des rapports sexuels à risque ;
  • les usagers de drogues injectables non infectés par le VIH et qui échangent leurs seringues.

 

Face à ces pratiques qu’on ne peut ignorer, la position de la HAS s’inscrit dans un objectif de réduction des risques et pour éviter de nouvelles contaminations. La prescription de Truvada® en PrEP doit s’accompagner systématiquement – lors de la consultation médicale initiale comme lors de chaque renouvellement – d’un dépistage de l’infection à VIH et de fortes recommandations d’utilisation de préservatifs ou de recours à des seringues stériles, à usage unique et personnelles pour les usagers de drogues.

 

 

 

__________

* par rapport à la population hétérosexuelle née en France métropolitaine

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