Intérêt du dosage de calprotectine fécale pour le diagnostic de rechute de maladie inflammatoire chronique intestinale (MICI) chez des sujets ne présentant ni évacuation fécale sanglante ni élévation de la concentration sérique de protéine C réactive
Objectifs
Les organismes professionnels de gastro-entérologie et la CNAM ont demandé à la HAS d’évaluer dans quelle mesure le dosage de calprotectine fécale pourrait améliorer le diagnostic étiologique de poussées de symptômes digestifs venant interrompre une phase de rémission de maladie inflammatoire chronique intestinale (MICI). Pour ce faire, ce rapport a cherché à répondre aux deux questions suivantes :
1) Intérêt diagnostique : le dosage de calprotectine fécale permet-il d’identifier les rechutes de MICI qui auraient pu être omises par l’examen clinique et par un dosage sérique de protéine C réactive ?
2) Impact organisationnel : le recours au dosage de calprotectine fécale a-t-il démontré, idéalement en pratique française, son aptitude à réduire la fréquence de recours à l’endoscopie digestive auprès des sujets présentant une poussée fonctionnelle ?
Méthode d’évaluation
Ce rapport a appliqué la méthode standard d’évaluation d’un acte professionnel ; il s’est par conséquent notamment appuyé sur :
- une recherche bibliographique systématique portant sur les vingt dernières années et ayant conduit à la réalisation de méta-analyses diagnostiques ;
- le recueil du point de vue argumenté des parties prenantes concernées (conseils nationaux professionnels d’hépato-gastro-entérologie (CNPHGE), de pédiatrie (CNPP) et de biologie médicale (CNP de BM) ; associations de patients consacrées aux MICI (AFA) et au syndrome de l’intestin irritable (APSSII)).
En complément, le Collège de la HAS a auditionné deux experts gastro-entérologues.
Avis de la HAS
Ni ce rapport, ni les parties prenantes consultées n’ont identifié d’étude ou de donnée de pratique qui réponde directement aux deux questions évaluées ; il n’est par conséquent pas possible de préciser à l’issue de cette évaluation et pour la pratique française :
- quelle part des rechutes de MICI fait l’objet d’un retard du diagnostic en raison d’un défaut de sensibilité du couple examen clinique-dosage de protéine C réactive actuellement utilisé ;
- quelle part de poussées fonctionnelles fait actuellement l’objet d’une endoscopie ;
- quelle part des rechutes de MICI omises par le couple examen clinique-dosage de protéine C réactive pourrait être rattrapée par un dosage de calprotectine fécale si ce test venait à compléter la stratégie diagnostique actuelle ;
- quelle influence le dosage de calprotectine fécale pourrait exercer sur le volume d’endoscopies mises en œuvre, en particulier lors de poussée fonctionnelle ;
- et la population cible à associer à ce dosage dans l’indication de ce rapport.
Le Collège de la HAS a donc constaté l’orthogonalité entre les éléments rappelés ci-dessus et la position des professionnels de santé considérant comme indispensable le recours au dosage de la calprotectine fécale, test non invasif permettant de réduire les endoscopie diagnostiques invasives non pertinentes dans cette indication.
Le Collège considère donc que la pratique professionnelle apparait ici en avance de phase par rapport à la littérature publiée et que le dosage de la calprotectine fécale présente un bénéfice dans l’indication évaluée.
Toutefois, le Collège, constatant le manque actuel de données comparatives probantes pour clairement démontrer ce bénéfice, souligne la nécessité de réaliser en France d’ici trois ans une recherche clinique coordonnée autour du dosage de calprotectine fécale