La conciliation des traitements médicamenteux pour sécuriser la prise en charge des patients atteints de cancer
La prise en charge des patients atteints de cancer implique une stratégie thérapeutique évolutive dans le temps, qui associe des médicaments à haut risque, et relève d’une prise en charge multidisciplinaire. Afin de tenir compte de ces spécificités, la HAS complète son travail de 2017 sur la mise en œuvre de la conciliation des traitements médicamenteux par un guide dédié à la cancérologie. Par un partage d’informations tout au long du parcours de la personne atteinte de cancer, l’objectif est de garantir une continuité des soins médicamenteux et de prévenir les risques d’erreurs de traitements.
La conciliation des traitements médicamenteux est une démarche de prévention et d’interception des erreurs médicamenteuses reposant sur une transmission formalisée et exhaustive des informations entre les différents professionnels de santé, en lien avec le patient. Elle apparaît comme particulièrement pertinente en cancérologie en raison des nombreux médicaments à risque prescrits, du nombre de transitions entre structures de soins et de la multidisciplinarité nécessaire à la prise en charge des patients atteints de cancer. Les patients sont suivis sur le long cours, ont des traitements anticancéreux régulièrement réévalués (produit, dose, mode d’administration) pour s’adapter à l’évolution de la maladie. Tous ces éléments incitent à la mise en œuvre de cette démarche afin de garantir une plus grande sécurisation de la prise en charge médicamenteuse des malades.
L’intérêt de la conciliation des traitements médicamenteux en cancérologie
Selon l’Institut national du cancer, l’activité de cancérologie représente près d’un quart de l’activité hospitalière globale, avec 7,3 millions d’hospitalisations en lien avec le diagnostic, le traitement ou la surveillance d’un cancer en 2017 (hors activité de radiothérapie en secteur libéral privé).
La prise en charge du patient atteint de cancer comporte des spécificités liées à la fois à la pathologie cancéreuse (pathologie au long cours et potentiellement évolutive), à l’organisation des soins (prise en charge alternée ville/hôpital avec séquences hospitalières itératives), et aux produits de santé concernés. En effet, les médicaments utilisés sont à marge thérapeutique étroite et à haut niveau de risque de survenue d’erreurs médicamenteuses. De plus, certains d’entre eux sont à l’origine d’effets indésirables – ce qui peut amener le patient à recourir à des thérapies complémentaires, à de l’automédication et des compléments alimentaires dont les professionnels de santé n’ont pas forcément connaissance, mais dont l’impact sur le traitement anti-cancéreux lui-même peut être délétère.
Des études démontrent l’intérêt de la conciliation des traitements médicamenteux en cancérologie. Par son action de prévention et d’interception des erreurs médicamenteuses au moyen d’un partage d’informations, elle permet d’en réduire le nombre.
Le guide publié aujourd’hui décrit comment mettre en œuvre concrètement une conciliation des traitements médicamenteux en cancérologie. La HAS recommande, autant que possible, une conciliation dite proactive, intervenant avant la première prescription de traitements anti-cancéreux : elle repose sur un bilan médicamenteux actualisé chaque fois que nécessaire.
Le guide est accompagné de mises en situation illustrant ces modalités pratiques, éprouvées par des professionnels de santé. Elles donnent des exemples de mise en œuvre de la démarche de conciliation des traitements médicamenteux en cancérologie en mettant en exergue des populations éligibles selon des moments identifiés comme opportuns au cours du parcours du patient atteint de cancer.
La conciliation des traitements médicamenteux demeure un enjeu national
La HAS tient à rappeler l’importance de la conciliation des traitements médicamenteux pour toute prise en charge. Elle a en 2018 actualisé son guide de référence publié en 2017. La démarche repose sur les professionnels de santé, du social et du médico-social. Mais aussi sur les patients, les usagers et leur entourage : la conciliation des traitements médicamenteux assure la bonne information du patient et par voie de conséquence contribue au bon usage du médicament par celui-ci.
Ces guides s’intègrent dans un processus au long cours pour lequel la HAS mobilise d’autres leviers de déploiement de la conciliation des traitements médicamenteux. L’évolution de la réglementation depuis 2015 va dans le même sens. Depuis février 2018, la HAS propose un volet médicamenteux de la lettre de liaison à la sortie d’une hospitalisation qui permet de tracer sur un même document l’ensemble des médicaments pris par le patient avant cette hospitalisation et à prendre après celle-ci. À cela s’ajoutent le développement de la certification des logiciels d’aide à la prescription et d’aide à la dispensation (LAP et LAD) et l’intégration prévue d’un critère visant à soutenir le développement de la conciliation des traitements médicamenteux dans le dispositif de certification rénové qui sera déployé à partir de 2020.