Polyarthrite rhumatoïde : l’efficience des biosimilaires
Pour les patients ayant une polyarthrite rhumatoïde (PR) modérée à sévère en échec de traitement de fond synthétique conventionnel (ex. méthotrexate), plusieurs parcours médicamenteux sont possibles. La HAS a évalué 180 séquences de traitements de fond biologiques et synthétiques ciblés. Les stratégies intégrant les biosimilaires s’avèrent aujourd’hui les moins coûteuses et tendent également à être parmi les plus efficaces. Décryptage avec Salah Ghabri, coordinateur scientifique, au service évaluation économique et de santé publique à la HAS.
Quelle est la stratégie médicamenteuse actuellement recommandée pour les patients touchés par la polyarthrite rhumatoïde (PR) ?
En première ligne, le méthotrexate (MTX) est le traitement de fond synthétique de référence de la PR.
Chez les patients insuffisamment répondeurs ou intolérants au MTX, en l’absence de facteurs de mauvais pronostic, une association de traitements de fond synthétiques (méthotrexate et sulfasalazine ou hydroxychloroquine) ou le remplacement par un autre traitement de fond synthétique (léflunomide, sulfasalazine) peuvent être proposés.
En cas d’échec (ou de contre-indication), il existe aujourd’hui deux alternatives thérapeutiques : les traitements de fond biologiques (molécules mères et leurs biosimilaires), apparus depuis les années 2000, et les traitements de fond synthétiques ciblés depuis 2017.
La HAS a mené une évaluation médico-économique comparant les différents traitements de seconde intention. Quel est l’objectif de cette évaluation ?
L’objectif est d’identifier la (les) stratégie(s) de prise en charge la (les) plus efficiente(s) et d’orienter les choix thérapeutiques sur des critères à la fois cliniques et économiques, de façon à contribuer à l’amélioration des pratiques, dans un contexte d’optimisation budgétaire.
Cette évaluation est la première étude médico-économique réalisée en France comparant l’efficacité des traitements de fond biologiques à celle des traitements de fond synthétiques ciblés chez des patients atteints de PR.
Quels sont les principaux résultats de l’évaluation médico-économique ?
Premier résultat : les différentes séquences évaluées ne se distinguent guère en termes de bénéfice en années de vie gagnées en bonne santé alors que leur coût varie de façon importante. Le coût des biothérapies représente le poste contribuant le plus au coût total du parcours médicamenteux d’un patient atteint de PR.
Deuxième résultat : les stratégies intégrant les biosimilaires s’avèrent aujourd’hui les moins coûteuses et tendent également à être parmi les plus efficaces. La mise en concurrence des traitements de fond biologiques et de leurs similaires représente une opportunité de baisser les coûts tout en garantissant un accès à des traitements de qualité à de nombreux patients.
Enfin, la trithérapie (association de trois traitements de fond synthétiques) est la séquence la moins coûteuse. Cependant, son bénéfice médico-économique reste lié, d’une part, à la confirmation des données d’efficacité, et, d’autre part, à la démonstration de la qualité de l’adhésion du patient à ce traitement.