BPCO : diagnostic et prise en charge
Détecter et diagnostiquer la BPCO même sans symptôme apparent
Le symptôme majeur de la BPCO est la dyspnée qui induit une réduction de l’activité physique quotidienne. Cette dyspnée est d’apparition progressive. Au début, la plupart des patients ne la perçoivent pas. On estime qu’entre 66 et 90 % des personnes atteintes ne sont pas diagnostiquées.
L’essentiel
- Le tabac est le premier facteur de risques de la BPCO.
- La spirométrie est l’examen nécessaire pour faire le diagnostic de la BPCO.
Repérer une BPCO
Dans quel cas penser à une BPCO ?
Il faut penser à la BPCO dès lors que vous vous trouvez face à un patient de plus de 40 ans, à risque (tabagisme, consommation de cannabis, profession exposée, pollution…) et/ou symptomatique (dyspnée, toux, expectoration, bronchites à répétition…).
Un questionnaire pour dépister la BPCO en 5 questions La HAS met à la disposition de vos patients un questionnaire rapide pour repérer les premiers symptômes : « Toussez-vous souvent ? Avez-vous fréquemment une toux grasse ou qui ramène des crachats ? Êtes-vous plus facilement essoufflé que les personnes de votre âge ? Avez-vous plus de 40 ans ? Avez-vous fumé ou fumez-vous ? » Deux réponses OUI constituent un signal d’alerte qui doit conduire à une mesure du souffle pour faire le diagnostic. |
Quels sont les facteurs de risque d’une BPCO ?
Le tabac est le premier des facteurs à prendre en compte mais d’autres sont à prévenir : l’exposition au cannabis, à des toxiques ou à des irritants professionnels, la pollution atmosphérique ou intérieure…
Qui doit être sensibilisé à ce premier repérage ?
À côté des médecins (médecin traitant, médecin du travail, pneumologue, cardiologue ou autres spécialistes), pharmaciens, masseurs-kinésithérapeutes, infirmiers, chirurgiens-dentistes peuvent également identifier les facteurs de risque et inciter le patient à aller consulter son médecin traitant.
Poser le diagnostic de BPCO et interpréter les résultats d'une spirométrie
Comment poser le diagnostic de la BPCO ?
Devant une suspicion de BPCO, pratiquer une spirométrie chez votre patient à l’état stable (à distance d’un épisode aigu de bronchite ou d’exacerbation) permet de mettre en évidence un trouble ventilatoire obstructif non réversible après bronchodilatateur.
Comment interpréter les résultats d’une spirométrie ?
La spirométrie permet de mesurer la capacité vitale forcée (CVF) et le volume expiratoire maximal à la première seconde (VEMS). Un rapport VEMS/CVF < 70 % après un bronchodilatateur (test de réversibilité) pose le diagnostic de BPCO. Cependant, ce critère peut conduire à un sous-diagnostic de l’obstruction bronchique chez les patients de moins de 50 ans, et surtout à un surdiagnostic chez les patients plus âgés. L’alternative est une définition de l’obstruction bronchique fondée sur un VEMS/CVF< limite inférieure de la normale (LIN) (annexe 3 du Guide BPCO). Si le rapport VEMS/CVF est compris entre 60 et 80 %, la spirométrie sera répétée.
Qui peut réaliser une spirométrie ?
Tout pneumologue et tout médecin maîtrisant la technique et l’interprétation peuvent pratiquer cet examen fonctionnel respiratoire. D’autres professionnels formés peuvent la réaliser mais l’interprétation revient au médecin. En cas de doute sur le diagnostic, l’avis du pneumologue est nécessaire.
Comment faire le diagnostic différentiel avec un asthme ?
Certaines données cliniques évocatrices (cf. tableau 1) et des mesures de débits expiratoires (débitmétrie de pointe et spirométrie avec test de réversibilité) peuvent aider à identifier un asthme. Dans certains cas, la distinction avec l’asthme est difficile, la coexistence des deux maladies étant possible.
Tableau 1. Signes cliniques différenciant asthme et BPCO
BPCO | Asthme | |
Fumeur ou ancien fumeur | Presque tous | Possible |
Symptômes avant 35 ans | Rarement | Souvent |
Toux productive chronique | Fréquente | Pas fréquente |
Dyspnée | Persistante et progressive | Variable |
Essoufflement nocturne avec sifflements | Pas fréquent | Fréquent |
Variabilité significative des symptômes au cours de la journée ou selon les jours ou l'environnement | Pas fréquente | Fréquente |
Quel bilan initial faut-il faire devant un diagnostic de BPCO ?
Le diagnostic de BPCO à l’aide d’une spirométrie débouche sur une évaluation complète de la sévérité qui inclue la recherche de comorbidités. L’avis du pneumologue peut être nécessaire (forme sévère…).
D'autres examens complémentaires sont-ils nécessaires ?
Une radiographie du thorax est indispensable pour rechercher des lésions évoquant une anomalie cardiaque, pulmonaire ou pleurale, ou un cancer du poumon, comorbidité potentiellement associée. Pour éliminer d’autres diagnostics ou rechercher une comorbidité, d’autres examens peuvent être pratiqués en fonction de votre évaluation clinique. NFS, glycémie et bilan lipidique sont systématiques.
Rechercher les comorbidités et évaluer la sévérité de la BPCO
Quelles comorbidités rechercher ?
La BPCO est associée à de nombreuses comorbidités. Il est donc important de les rechercher :
- cancer du poumon ;
- pathologies cardiovasculaires (la consultation d’un cardiologue est recommandée dans l’année qui suit le diagnostic) ;
- syndrome d’apnée du sommeil ;
- dénutrition, fonte musculaire ;
- ostéoporose ;
- dépression et/ou anxiété ;
- coaddictions (alcool, cannabis) ;
- diabète ;
- anémie ;
- reflux gasto-oesophagien.
Comment évaluer la sévérité de la BPCO
La sévérité de la maladie dépend de plusieurs facteurs :
- la sévérité de l’obstruction bronchique (cf. tableau 2) ;
- l’importance de la consommation de tabac ;
- la sévérité de la dyspnée ou l’incapacité ;
- L’état nutritionnel (poids et IMC) ;
- La restriction de participation (ou handicap) ;
- Le nombre d’exacerbations ;
- Les comorbidités associées.
Tableau 2 : Sévérité de l’obstruction bronchique
Volume expiratoire maximal par seconde (VEMS)/capacité vitale forcée (CVF) < 70 % | |
Stade I : léger | VEMS ≥ 80 % valeur prédite |
Stade II : modéré | 50 % ≤ VEMS < 80 % valeur prédite |
Stade III : sévère | 30 % ≤ VEMS < 50 % valeur prédite |
Stade IV : très sévère | VEMS < 30 % valeur prédite ou VEMS < 50 % valeur prédite avec insuffisance respiratoire chronique grave |
La valeur prédite est définie par des abaques, prenant en compte l'âge; le sexe, la taille et l'origine ethnique.
Quand demander l’avis d’un pneumologue ?
Si vous le jugez nécessaire, le pneumologue peut être consulté pour confirmer votre diagnostic. Par exemple pour évaluer la sévérité de la maladie et son contrôle en cas de dissociation entre la clinique et les signes fonctionnels ou de suspicion de forme sévère ou très sévère (stade III et IV) : il fera d’autres examens, pléthysmographie, capacité de transfert du CO, gaz du sang. Il sera consulté en cas d’exacerbations fréquentes (supérieures ou égales à 2/an) ou sévère (nécessitant une hospitalisation) et de comorbidités.
Par ailleurs, selon l’histoire de la maladie et le tableau clinique de votre patient, le pneumologue peut réaliser certains examens non systématiques : test d’exercice, endoscopie bronchique, etc.
Annoncer le diagnostic
Quelles informations délivrer à votre patient lors de l’annonce du diagnostic ?
Il est important lors de l’annonce de dire à votre patient ce que signifient les lettres BPCO, de lui expliquer que cette maladie est irréversible et évolutive mais qu’elle peut être stabilisée, en insistant sur la nécessité du sevrage tabagique pour les fumeurs.
Rédaction Arielle Fontaine (HAS) & Citizen press