Mammographie par tomosynthèse : des questions à traiter avant une éventuelle intégration dans le dépistage organisé du cancer du sein
La HAS mène actuellement une évaluation afin de se prononcer sur l’intérêt d’intégrer la mammographie par tomosynthèse dans le dépistage organisé du cancer du sein chez les femmes à risque modéré. En préalable, elle a analysé ce que les études internationales fournissent comme connaissances sur la performance de la mammographie par tomosynthèse et identifié toutes les questions soulevées par son intégration au dépistage organisé en France. Elle publie ce travail intermédiaire et initie dès à présent un second volet qui répondra à ces questions.
Aujourd’hui en France, dans le cadre du dépistage organisé du cancer du sein, chaque femme âgée de 50 à 74 ans est invitée tous les deux ans à réaliser une mammographie et un examen clinique chez un radiologue agréé. Cette mammographie est prise en charge à 100% par l’assurance maladie, sans avance de frais. Pour 1 000 femmes participant à ce dépistage, 7,5 cancers ont été détectés en 2016, soit un total de 39 000 femmes concernées.
Par sécurité, les mammographies jugées normales sont revues systématiquement par un second radiologue expérimenté, ainsi environ 6%[1] des cancers du sein détectés chaque année dans le cadre de ce programme sont identifiés lors de cette seconde lecture.
La tomosynthèse est une technique d’imagerie qui, appliquée à la mammographie, permet d’obtenir un cliché numérique reconstitué en trois dimensions à partir d’images du sein obtenues sous différentes coupes (ou projections). Cette technique est indûment présentée parfois sous le nom de « mammographie 3D » mais en réalité l’appareil ne tourne que de façon limitée autour du sein et l’image totale de celui-ci est reconstruite grâce à un algorithme mathématique à partir des projections obtenues.
Ces dernières années, les radiologues se sont équipés d’appareils de mammographie par tomosynthèse notamment pour réaliser des dépistages du cancer du sein, sans que la pertinence d’intégrer cette technologie dans le cadre du dépistage organisé n’ait été évaluée.
C’est dans ce contexte que l’Institut national du cancer (INCa) a saisi la Haute Autorité de Santé (HAS) en vue d’évaluer les risques potentiels de cette technique et l’intérêt de l’intégrer dans le dépistage organisé du cancer du sein.
La HAS publie aujourd’hui un premier travail (volet 1) qui fait le point sur ce que les études internationales nous apprennent de la performance de cette technologie.
Parmi les marqueurs de performance du dépistage, le taux de détection des cancers (in situ et invasifs)[2] serait amélioré. Cette technologie soulève cependant plusieurs interrogations, en particulier sur :
- le bénéfice à introduire la mammographie par tomosynthèse dans le dépistage organisé ;
- la sécurité liée à la dose d’exposition aux rayons X ;
- l’homogénéité de performance d’une machine à une autre ;
- les conditions de mise en œuvre de la double lecture.
Ces questions sont examinées dans le volet 2 de l’évaluation de la HAS en vue de se prononcer sur l’intérêt d’intégrer la mammographie par tomosynthèse dans le dépistage tel qu’il est organisé en France et sur la place à laquelle il faudrait, le cas échéant, la positionner. Cette deuxième partie de l’évaluation devrait être publiée en fin d’année 2020.
[1] Source : Dossier de presse de l’INCa - Dépistage du cancer du sein, apporter une information claire pour leur permettre de décider de leur participation, 14 septembre 2018.
[2] On parle de cancer in situ lorsque les cellules cancéreuses demeurent dans la couche de tissu dans laquelle elles se sont développées, par différence avec un cancer invasif, ou infiltrant, quand les cellules cancéreuses envahissent les tissus voisins.
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