La HAS recommande de vacciner aussi les garçons contre les papillomavirus
Après avoir consulté les professionnels et associations concernés¹, la Haute Autorité de santé (HAS) confirme sa recommandation d’élargissement de la vaccination contre les papillomavirus humains à tous les adolescents de 11 à 14 ans révolus.
Les papillomavirus humains (HPV) sont des virus sexuellement transmissibles très fréquents, contractés généralement au début de la vie sexuelle. Ils sont responsables chez la femme comme chez l’homme de verrues anogénitales, de papillomatoses respiratoires récurrentes et de lésions, dont la majorité disparaissent spontanément, mais dont certaines peuvent persister et évoluer vers des cancers (cancer du col de l’utérus chez la femme, cancers anaux et oro-pharyngés dans les deux sexes).
La vaccination contre les papillomavirus humains est actuellement recommandée chez les jeunes filles de 11 à 14 ans révolus, les immunodéprimés des deux sexes et les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes jusqu’à 26 ans. La HAS a été interrogée sur l’intérêt de l’étendre aux jeunes garçons. Du 30 octobre au 27 novembre 2019, la HAS a soumis à consultation publique son projet d’avis sur le sujet, élaboré par sa commission technique des vaccinations (CTV). Elle a recueilli 120 contributions de la part d’associations de patients et d’usagers, de collèges nationaux de professionnels ou de fabricants. Ces différents retours ont été étudiés en commission technique des vaccinations en vue d’établir l’avis définitif publié aujourd’hui.
La HAS recommande une vaccination de toutes les filles et de tous les garçons de 11 à 14 ans révolus, avec un rattrapage possible de 15 à 19 ans révolus. La vaccination reste recommandée jusqu’à 26 ans pour les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes.
La HAS encourage une vaccination de tous les adolescents
Dix ans après les premières recommandations, la couverture vaccinale reste très insuffisante au regard des objectifs fixés par le Plan Cancer : 24 % de femmes vaccinées selon le schéma complet et environ 15% des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes pour un objectif de 60 %. Or la vaccination est le meilleur moyen de lutter contre ces virus, à l’origine de plus de 6 000 nouveaux cas de cancers par an. Parmi eux, les cancers du col de l’utérus, de la vulve, du vagin chez les femmes, mais également des cancers oropharyngés et anaux, qui touchent aussi les hommes. Ainsi, près de 25 % des cancers provoqués par les HPV surviennent chez les hommes.
La HAS estime que l’élargissement de la vaccination anti-HPV aux garçons permettrait, sous réserve d’une couverture vaccinale suffisante, de freiner la transmission au sein de la population générale, et ainsi de mieux protéger les garçons et les hommes quelle que soit leur orientation sexuelle, mais aussi de mieux protéger les filles et les femmes non vaccinées.
A ces arguments sanitaires s’ajoutent des arguments éthiques au premier rang desquels l’égalité d’accès à la vaccination : la HAS considère nécessaire de proposer également le vaccin aux hommes hétérosexuels car tout comme les femmes et les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, ils peuvent être infectés et transmettre le virus.
Sur un sujet délicat à aborder, l’absence de distinction selon le sexe et l’orientation sexuelle est également un moyen de simplifier la proposition vaccinale pour les professionnels de santé, surtout à un âge où l’orientation sexuelle n’est pas encore connue ou affirmée.
Soutenir encore et toujours une politique vaccinale engagée
La HAS estime toutefois que les bénéfices de l’élargissement de la vaccination à tous les adolescents seront limités sans une politique vaccinale plus engagée au niveau national et une proposition vaccinale plus systématique de la part des professionnels de santé, que ce soit dans le cadre de programmes de vaccination ou d’une consultation de santé sexuelle pour chaque adolescent.
Elle recommande également la mise en œuvre d’actions ayant pour objectif de restaurer la confiance vis-à-vis de la vaccination contre les papillomavirus auprès du public et des professionnels de santé. Ceci passe par une meilleure information sur la sécurité de la vaccination pour réduire l’hésitation vaccinale.
Elle recommande enfin de faciliter l’accès à la vaccination et de lutter contre les inégalités socio-économiques, en permettant une prise en charge intégrale du vaccin par l’assurance maladie et en travaillant sur les freins à la vaccination en milieu scolaire.
La commission technique de la vaccination entamera par ailleurs prochainement des travaux pour redéfinir les modalités du rattrapage vaccinal, pour les filles comme pour les garçons, dans un contexte d’évolution des connaissances et de possibles tensions d’approvisionnement en vaccins au niveau mondial.
¹Voir le communiqué de presse du 30/10/2019 : Vacciner tous les garçons contre les papillomavirus ? La HAS met en consultation publique un projet de recommandation vaccinale
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