Souffrance des professionnels du monde de la santé : prévenir, repérer, orienter
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Cette réponse rapide est destinée :
- Aux soignants en activité ou en formation, aux personnels médico-sociaux de toutes spécialités confondues, en établissements ou en ambulatoire, et plus largement à tous les intervenants du milieu de la santé (administratifs, agents d’entretiens, des services funéraires, services supports, etc.) ;
- Aux pouvoirs publics, dirigeants, encadrants, des établissements et services de santé, sociaux et médico-sociaux, des organismes tutélaires, des institutions, etc.
L’essentiel
Réponse rapide n°1 : Depuis plusieurs semaines, les professionnels du monde de la santé sont en première ligne dans la gestion de l'épidémie de COVID-19 et cette situation est amenée à durer. Dans ce contexte, ils sont soumis à de multiples facteurs stressants voire traumatisants qui les exposent à un risque majoré d’anxiété et d’épuisement, pouvant générer un état de souffrance psychique, voire des symptômes dépressifs avec un risque suicidaire ou encore un trouble de stress post-traumatique pendant et dans les suites de la crise.
Réponse rapide n°2 : Les établissements de santé, sociaux et médico-sociaux, les organisations et plus largement les pouvoirs publics, sont responsables de la santé au travail des professionnels du monde de la santé, ils ont un rôle majeur dans la réduction du stress et la prévention de la souffrance du personnel : information claire et formation des personnels à leur mission en lien avec le COVID-19 ; adaptation des conditions de travail (sécurité, mesures organisationnelles, mesures de reconnaissance directe et indirecte), accompagnement et soutien social et psychologique.
Réponse rapide n°3 : En tant que professionnel du monde de la santé il est important, d’autant plus en situation de crise, d’accorder une grande attention à son propre bien-être pour tenir dans la durée. Au niveau collectif, suivre et soutenir le moral des équipes, notamment en facilitant l’expression des difficultés et des ressentis, permet d’apaiser les tensions vécues, de maintenir et de renforcer le lien de confiance et la cohésion d’équipe.
Réponse rapide n°4 : Tous les dirigeants, employeurs, encadrants, collègues, etc. sont concernés par le repérage des signes de détresse ou de souffrance psychique. Les temps d’échanges (formels et informels), qui sont des moments clés, doivent être favorisés. Si une souffrance est identifiée, l’écoute, le soutien et les encouragements entre collègues et membres de l’équipe sont précieux, dans le respect des besoins et de l’intimité de chacun. Une aide à la médiation peut être mobilisée le cas échéant (régulateur, psychologue, etc.).
Réponse rapide n°5 : En cas de souffrance nécessitant une prise en charge, il est très important de savoir passer le relais et d’informer les personnes concernées sur les ressources disponibles (plateformes téléphoniques, services de santé au travail, médecin traitant/généraliste, professionnels de la psychiatrie et de la santé mentale : équipes de psychiatrie, psychiatres libéraux, psychologues libéraux), les orienter et les accompagner si elles le souhaitent (Cf. Ressources).
Réponse rapide n°6 : En cas de constatation de situation(s) de souffrance, il est essentiel d’interroger le fonctionnement des organisations, services et structures dans le but d’améliorer les conditions de travail et de prévenir ces situations pour l’avenir.
Réponse rapide n° 7 : Une vigilance quant aux potentiels effets différés de la crise sur la souffrance psychique des professionnels du monde de la santé est indispensable (information des professionnels, maintien des dispositifs de soutien, adaptation des organisations à la prise en charge de ces effets à plus long terme).
Contexte
La France est entrée le 14 mars 2020 dans la situation épidémique de stade 3 vis-à-vis du COVID-19. La HAS a décidé de rédiger des préconisations pour mieux prévenir et repérer la souffrance des professionnels du monde de la santé, et les orienter. En effet, les professionnels du monde de la santé sont en première ligne dans la gestion de l'épidémie de COVID-19 et cette situation est amenée à durer. Ce faisant, ils sont soumis à de multiples facteurs stressants voire traumatisants.
Trouvant leur origine aux niveaux personnel et collectif, ces facteurs sont divers et peuvent être liés :
- aux conditions de travail : accroissement de la charge de travail et du rythme des soins, des procédures, travail dans un secteur COVID-19, etc. ;
- à l’organisation du travail : services dédiés créés de novo imposant au personnel de travailler dans des lieux et avec des collègues inconnus, face à des situations cliniques auxquelles ils ne sont pas préparés, etc. ;
- à des facteurs relationnels : manque d’information, mauvaise communication, défaut de soutien de la hiérarchie, clivages interprofessionnels, etc. ;
- aux rôles et tâches : délimitation floue des tâches à accomplir, mauvaise gestion des équipes, responsabilités très importantes, etc. ;
- à l’insécurité du travail : manque de matériel adapté pour assurer sa sécurité et celle des patients (équipements de protection individuelle, etc.), précarité de certains emplois (remplacements, étudiants en formation, contrats de courte durée, etc.), baisse d’activité ;
- aux conflits de valeurs et conflits éthiques : entre les valeurs soignantes et la nécessité des choix imposés par la situation de crise d’urgence, etc. ;
- à la maladie elle-même : confrontation à un taux de mortalité élevé, peur de la maladie pour soi-même, sa famille, ses collègues, etc. ; peur de contaminer ses proches et les patients, charge émotionnelle dans l’accompagnement et la solitude des patients, etc. ;
- à l’incertitude : tableaux cliniques nouveaux, évolution inconnue de la crise sanitaire, etc. ;
- au confinement : isolement, manque de soutien social, sentiment d’inutilité, de culpabilité pour certains personnels confinés vis-à-vis de leurs collègues qui sont sur le terrain, augmentation de la consommation d'alcool et autres substances psychoactives, etc. ;
- à l’interface foyer/travail : difficultés de concilier les contraintes professionnelles et l’organisation familiale modifiée par le confinement, risque accru d'agression à la sortie du travail, etc. ;
- à la situation personnelle : tensions relationnelles avec les proches, les voisins, inquiétude vis-à-vis des risques du métier, maladie de la personne ou de l’entourage, antécédents de troubles psychiques, étudiant ou jeune professionnel, charge mentale déjà conséquente, conséquences financières personnelles de la crise, etc.
Sur le plan collectif, ces situations détériorent le climat de travail, fragilisent l’esprit d’équipe et l’entraide, sont source de conflits et compromettent la qualité des soins dispensés et l’efficacité du travail.
Dans ces conditions de travail particulièrement difficiles, le personnel de santé est exposé à un risque majoré d’anxiété et d’épuisement, pouvant générer un état de souffrance, voire des symptômes dépressifs avec un risque suicidaire. Un état de stress post-traumatique peut apparaître pendant et dans les suites de la crise.
Des mesures spécifiques peuvent être prises pour protéger le bien-être des professionnels de la santé pendant la crise, non seulement afin de les aider à faire face, mais également pour réduire le risque de difficultés psychologiques à plus long terme.
Ces réponses rapides, élaborées sur la base des connaissances disponibles à la date de leur publication, sont susceptibles d’évoluer en fonction de nouvelles données.
Retrouvez toutes les fiches réponses rapides dans le dossier COVID-19.