Recommandation vaccinale contre les méningocoques des sérogroupes A, C, W et Y : révision de la stratégie vaccinale et détermination de la place des vaccins méningococciques tétravalents
Compte tenu de l’évolution de l’épidémiologie des infections invasives à méningocoques (IIM) en France au cours des dernières années, avec notamment l’augmentation du nombre de cas dus au sérogroupe W, la Direction générale de la santé (DGS) a saisi la HAS en mars 2018 afin d’évaluer la pertinence d’introduire dans les recommandations générales la vaccination par un des vaccins méningococciques tétravalents disponibles en France.
La présente recommandation vaccinale consiste à réévaluer la stratégie globale de vaccination contre les méningocoques A, C, W et Y en population générale et la place des vaccins méningococciques tétravalents. Une analyse de la littérature depuis la dernière recommandation en décembre 2016 a été réalisé et le rapport d’évaluation présente l’ensemble des éléments pris en considération par la HAS.
Actuellement, cinq vaccins méningococciques conjugués disposent d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) en France, dont trois vaccins tétravalents ciblant les sérogroupes A, C, W et Y (MENVEO, NIMENRIX et MENQUADFI depuis le 18 novembre 2020) et deux vaccins monovalents ciblant le sérogroupe C (MENJUGATE 10 μg et NEISVAC). Les populations éligibles et la posologie diffèrent selon les vaccins.
En 2020, une chute du nombre de cas d’IIM a été observée à partir du mois d’avril 2020 par rapport aux années précédentes : 87 cas ont été déclarés entre les mois d’avril et novembre 2020 (vs. 239 cas pour la même période en 2018, 269 cas en 2019). La diminution concerne l’ensemble des sérogroupes et est particulièrement marquée pour le sérogroupe W, avec une rupture nette de l’augmentation des IIM W qui était observée jusqu’en 2019. Cette diminution est le plus probablement liée au confinement instauré en France entre les mois de mars et de mai 2020, ainsi qu’au maintien des mesures recommandées à la population pour lutter contre l’épidémie de COVID-19 (distanciation, gestes barrières, port du masque) ayant un effet sur la transmission des autres pathogènes respiratoires.
L'évolution de l’épidémiologie des IIM au cours des prochaines années reste sujette à de fortes incertitudes en raison du maintien des recommandations visant à prévenir la transmission du COVID-19, et de leur impact possible sur la transmission des méningocoques. L'effet des mesures de contrôle passées pourrait être observé pendant plusieurs mois et il est possible que certaines souches disparaissent naturellement. Cependant une reprise de la transmission pourrait également être observée.
Cet avis est susceptible d’être révisé en fonction de l’évolution des données disponibles.
A qui s’adresse ces recommandations ?
Elles s’adressent à :
- Tous les citoyens
- Tous les professionnels des secteurs de la santé, du médico-social et du social
- Aux pouvoirs publics
Quels sont les objectifs de cette recommandation ?
La présente recommandation vaccinale consiste à réévaluer la stratégie globale de vaccination contre les méningocoques A, C, W et Y en population générale et la place des vaccins méningococciques tétravalents. Une analyse de la littérature depuis la dernière recommandation en décembre 2016 a été réalisée et le rapport d’évaluation présente l’ensemble des éléments pris en considération par la HAS.
Principaux éléments pris en considération :
Actuellement, cinq vaccins méningococciques conjugués disposent d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) en France, dont trois vaccins tétravalents ciblant les sérogroupes A, C, W et Y (MENVEO, NIMENRIX et MENQUADFI depuis le 18 novembre 2020) et deux vaccins monovalents ciblant le sérogroupe C (MENJUGATE 10 μg et NEISVAC). Les populations éligibles et la posologie diffèrent selon les vaccins.
Concernant l’épidémiologie récente des infections invasives à méningocoques, l’incidence des IIM en 2019 se situe dans les fluctuations observées les années précédentes. Toutefois les tendances sont différentes selon le sérogroupe. En particulier, le nombre de cas d’IIM C a chuté tandis que le nombre de cas d’IIM W a présenté une tendance à la hausse en 2019.
Cependant, les données préliminaires pour l’année 2020 montrent une chute du nombre de cas d’IIM à partir du mois d’avril 2020 par rapport aux années précédentes : 87 cas ont été déclarés entre les mois d’avril et novembre 2020 (vs. 239 cas pour la même période en 2018, 269 cas en 2019). La diminution concerne l’ensemble des sérogroupes et est particulièrement marquée pour le sérogroupe W, avec une rupture nette de l’augmentation des IIM W qui était observée jusqu’en 2019. Cette diminution est le plus probablement liée au confinement instauré en France entre les mois de mars et de mai 2020, ainsi qu’au maintien des mesures recommandées à la population pour lutter contre l’épidémie de COVID-19 (distanciation, gestes barrières, port du masque) ayant un effet sur la transmission des autres pathogènes respiratoires.
L'évolution de l’épidémiologie des IIM au cours des prochaines années reste sujette à de fortes incertitudes en raison du maintien des recommandations visant à prévenir la transmission du COVID-19, et de leur impact possible sur la transmission des méningocoques. L'effet des mesures de contrôle passées pourrait être observé pendant plusieurs mois et il est possible que certaines souches disparaissent naturellement. Cependant une reprise de la transmission pourrait également être observée.
Principales recommandations :
La HAS estime que si la situation épidémiologique des IIM avait poursuivi son évolution croissante au cours de l’année 2020, notamment pour ce qui concerne le sérogroupe W, l’intégration d’un vaccin méningococcique tétravalent au sein de la stratégie vaccinale aurait été considérée.
La nécessité d’un rappel contre le méningocoque C à l’adolescence n’est pas établie. En effet, l’analyse des échecs vaccinaux dans le contexte de la vaccination méningococcique C en France montre que les quelques échecs observés n’auraient pas été prévenus par un rappel à l’adolescence. Par ailleurs, l’épidémiologie des IIM C aux Pays-Bas montre qu’avec un recul de 15 ans de vaccination méningococcique C sans rappel à l’adolescence, le méningocoque C a été presque éliminé. Les arguments ayant prévalu en 2016 pour ne pas recommander de rappel à l’adolescence restent donc valables en 2020.
Ainsi, au terme de son évaluation et compte-tenu de la diminution importante de l'incidence des IIM observée en 2020 et des incertitudes sur la situation épidémiologique future, la HAS recommande le maintien des recommandations actuellement en vigueur.
En outre, la HAS considère que le vaccin MENQUADFI peut être utilisé selon son AMM, à partir de 12 mois, et dans le cadre de la stratégie vaccinale française vis-à-vis des infections invasives à méningocoques dues aux Neisseria meningitidis des groupes A, C, W et Y.
Compte tenu de l’importante variabilité et de l’imprévisibilité de l’épidémiologie des IIM, leur surveillance épidémiologique nécessite une particulière vigilance pour évaluer la pertinence future de l’élargissement de la vaccination méningococcique.
Cet avis est donc susceptible d’être révisé en fonction de l’évolution des données disponibles.
Rappel des recommandations vaccinales contre les méningocoques des sérogroupes A, C, W et Y :
Rappel des recommandations générales (MenC)
La vaccination contre les IIM de sérogroupe C (une dose à 5 mois ainsi qu’une deuxième dose à 12 mois) est obligatoire chez tous les enfants nés à compter du 1er janvier 2018.
À partir de l’âge de 12 mois et jusqu’à l’âge de 24 ans révolus, la vaccination est recommandée, selon un schéma à une dose unique, avec un vaccin méningococcique C conjugué pour les nourrissons, enfants, adolescents et jeunes adultes n’ayant pas reçu de primovaccination antérieure.
Rappel des recommandations spécifiques (MenACWY)
Pour les personnes souffrant de déficit en fraction terminale du complément, recevant un traitement anti-C5, porteuses d’un déficit en properdine ou ayant une asplénie anatomique ou fonctionnelle et chez les personnes ayant reçu une greffe de cellules souches hématopoïétiques : la vaccination est recommandée par un vaccin tétravalent conjugué ACWY et par le vaccin contre les IIM de sérogroupe B. Pour ces personnes, un rappel de vaccin tétravalent ACWY est recommandé tous les 5 ans.
Si la personne a reçu antérieurement un vaccin tétravalent polyosidique non conjugué ACWY ou un vaccin polyosidique non conjugué A+C, un délai de 3 ans est recommandé avant de la vacciner avec un vaccin tétravalent conjugué ACWY.
La vaccination contre les IIM de sérogroupe B et de sérogroupes A, C, Y, W est recommandée chez les personnels des laboratoires de recherche travaillant spécifiquement sur le méningocoque.
La vaccination est recommandée pour les sujets contacts d’un cas d’IIM de sérogroupe A, C, Y, ou W, dans les conditions prévues par l’instruction relative à la prophylaxie des infections invasives à méningocoque : vaccin conjugué méningococcique C dès l’âge de 2 mois en cas d’IIM due au sérogroupe C ; vaccin tétravalent conjugué ACWY en cas d’IIM liée aux sérogroupes A, C, Y, W à partir de l’âge de 6 semaines (NIMENRIX) ou 2 ans (MENVEO).
La vaccination doit être alors réalisée au plus tard dans les dix jours après le dernier contact avec le cas index. Pour la réalisation de cette vaccination des sujets contacts d’un cas d’IIM, se reporter à l’instruction nº DGS/SP/2018/163 du 27 juillet 2018 relative à la prophylaxie des infections invasives à méningocoque.
Rappel des recommandations en situation d’hyperendémie d’IIM W
En cas de déclaration de foyers d'hyperendémicité d'IIM à sérogroupe W, la HAS recommande :
1. la sollicitation par les acteurs locaux auprès de la DGS d’une cellule d'expertise dès lors que les critères d'alerte suivants sont réunis :
- Survenue d’au moins 3 cas déclarés d'infections invasives à méningocoque de sérogroupe W liés à des souches identiques ou ne pouvant être différenciées dans une zone géographique donnée sur une période de 52 semaines ;
- Un taux d’incidence dans la zone (la plus petite incluant tous les cas) des IIM W liées à des souches identiques ou ne pouvant être différenciées au moins 10 fois supérieur au taux national actualisé au cours de la même période.
2. la prise en compte, pour justifier ou non de la mise en œuvre des actions locales de vaccination par la cellule d'expertise, de différents critères d'analyse comprenant en particulier des critères épidémiologiques, cliniques et microbiologiques.
3. l'anticipation de l’ensemble des actions et de l’identification de l'ensemble des acteurs et partenaires dont l'Assurance Maladie, des personnes ressources et des structures entourant la mise en œuvre opérationnelle et le financement d’une campagne de vaccination locale.
4. la simplification du parcours vaccinal en assurant une unité entre la prescription et l'acte vaccinal (consultation unique), en facilitant l’accès à la vaccination à proximité des lieux de vie de la population ciblée et organisée rapidement (dans la mesure du possible dans les 3-4 semaines après la survenue des cas).
5. de privilégier la mise en œuvre d'une information autour de la campagne de vaccination au plus près des professionnels de santé, des usagers ainsi que des partenaires (directions d’universités, directions scolaires, services médicaux de l’éducation nationale, URPS, conseils des ordres professionnels, etc.) et élus locaux par le biais de systèmes d’information automatisés et de canaux d'information diversifiés et adaptés aux caractéristiques des populations ciblées et capables d'être mobilisés rapidement : courriel, SMS, etc. Les moyens d’information de l’ARS et de l’Assurance maladie peuvent être mobilisés de manière complémentaire.