HEPCLUDEX (bulévirtide)
Nature de la demande
Première évaluation.
Avis favorable au remboursement uniquement dans le traitement de l’infection chronique par le virus de l’hépatite delta (VHD) uniquement chez les patients adultes ayant une maladie hépatique compensée testés positifs pour la présence d’ARN du VHD dans le plasma (ou le sérum), en association à un traitement de fond contre le VHB et en cas d’échec, d’intolérance ou de contre-indication à l’interféron alpha pégylé.
Avis défavorable au remboursement dans les autres situations incluant notamment la monothérapie par bulévirtide.
Quel progrès ?
Un progrès thérapeutique dans la prise en charge.
Quelle place dans la stratégie thérapeutique ?
L’interféron alpha pégylé (PEG-IFNα-2a) est actuellement le seul médicament ayant démontré son efficacité antivirale contre le VHD et recommandé pour le traitement de cette infection. Il permet de réduire la charge virale du VHD et peut être employé en combinaison ou non avec un autre traitement anti-VHB par inhibiteurs nucléosidiques/nucléotidiques (intrinsèquement inefficaces contre le VHD). La durée minimale de traitement est d’un an quelle que soit l’évolution de la réponse en cours de traitement. Il est à noter que l’interféron est mal toléré (syndrome pseudo-grippal, dépression…) et la tolérance diminue avec l’âge et en cas de fibrose avancée. L’intolérance conduit à l’arrêt du traitement dans 10 à 30 % des cas dans les 6 premiers mois. De plus, beaucoup de patients ne sont pas éligibles à l’interféron alpha en raison de contre-indication ou de maladie avancée, notamment : hépatites auto-immunes, traitement par immunosuppresseurs, pathologies psychiatriques ou thyroïdienne décompensée, insuffisance rénale sévère et cirrhose décompensée.
Une transplantation hépatique peut être envisagée dans les cas d’hépatite fulminante ou d’affection hépatique au stade terminal.
La prévention de l’hépatite D passe par la vaccination contre l’hépatite B.
Place du médicament
HEPCLUDEX (bulévirtide) est une option de première ou de deuxième intention, en association à un traitement de fond contre le virus de l’hépatite B (VHB) (analogue nucléosidique ou nucléotidique), dans la prise en charge de l’infection chronique par le virus de l’hépatite delta (VHD) chez les patients adultes ayant une maladie hépatique compensée testés positifs pour la présence d’ARN du VHD dans le plasma (ou le sérum) et en cas d’échec, d’intolérance ou de contre-indication à l’interféron alpha pégylé.
La Commission souligne que les exacerbations de l’hépatite survenant à l’arrêt du traitement possiblement liés à un rebond virologique, telles qu’identifiées dans le plan de gestion des risques (PGR), nécessitent le maintien du traitement au long cours dont la durée optimale n’est pas connue. Par ailleurs étant donné que le VHD inhibe la réplication du VHB, le risque de réactivation du VHB en cas de contrôle de la réplication du VHD par le bulévirtide nécessite le maintien d’un traitement optimal concomitant contre le VHB.
Recommandations particulières
Au regard des incertitudes actuelles concernant l’efficacité, la tolérance et les modalités d’utilisation d’HEPCLUDEX (bulévirtide) et de la complexité de la prise en charge (stade clinique, durée optimale de traitement et suivi des patients), la Commission préconise la restriction de la prescription de HEPCLUDEX (bulévirtide) aux médecins expérimentés dans la prise en charge des patients ayant une infection chronique par le VHD et après discussion en réunion de concertation pluridisciplinaire.
Service Médical Rendu (SMR)
Important |
Le service médical rendu par HEPCLUDEX (bulévirtide) est important uniquement dans le traitement de l’infection chronique par le virus de l’hépatite delta (VHD) chez les patients adultes ayant une maladie hépatique compensée testés positifs pour la présence d’ARN du VHD dans le plasma (ou le sérum), en association à un traitement de fond contre le VHB et en cas d’échec ou d’intolérance ou de contre-indication à l’interféron alpha pégylé. |
Insuffisant |
Le service médical rendu par HEPCLUDEX (bulévirtide) est insuffisant pour justifier d’une prise en charge par la solidarité nationale dans les autres situations incluant notamment la monothérapie par bulévirtide. |
Amélioration du service médical rendu (ASMR)
IV (mineur) |
Compte tenu :
et malgré :
la Commission considère que HEPCLUDEX (bulévirtide), en association à un traitement de fond contre le VHB, apporte une amélioration du service médical rendu mineure (ASMR IV) dans la stratégie de prise en charge des patients infectés par le VHD pour lesquels il est impossible d’établir un schéma de traitement antiviral suppressif avec l’interféron alpha pégylé, notamment en cas d’échec, d’intolérance ou de contre-indication. |
Avis économique
Ce produit a fait l'objet d'un avis économique rendu par la Commission d'évaluation économique et de santé publique le 12/01/2021. L’avis économique porte sur la population des patients adultes dans le traitement de l’infection chronique par le virus de l’hépatite D (VHD), avec une maladie hépatique compensée dont le plasma (ou le sérum), testés positifs pour l’ARN du VHD correspondant à la demande de remboursement. La demande de remboursement est superposable à l’indication de l’AMM conditionnelle obtenue le 31/07/2020.
La CEESP n’a pas été en mesure de conclure sur l’efficience du produit en raison d’une d’une réserve méthodologique majeure associée à l’analyse relative à la population des patients non éligibles au PEG IFNα et d’une incertitude majeure autour des résultats de l’analyse relative à la population des patients éligibles au PEG IFNα.
Une analyse d’impact budgétaire a été réalisée en complément de l’évaluation de l’efficience.
L’introduction de bulévirtide dans la stratégie thérapeutique chez les patients adultes atteints d’une hépatite D chronique multiplierait par 109 le budget de l’assurance maladie, dans un contexte où l’efficience n’est pas démontrée.
> HEPCLUDEX - Avis économique (pdf)