BRAFTOVI (encorafenib)
Nature de la demande
Nouvelle indication.
Avis favorable au remboursement dans le traitement de patients adultes atteints de cancer colorectal métastatique porteur d’une mutation BRAF V600E, ayant reçu un traitement systémique antérieur.
Quel progrès ?
Un progrès thérapeutique par rapport à un traitement par irinotecan/cetuximab ou FOLFIRI/cetuximab.
Quelle place dans la stratégie thérapeutique ?
A ce jour, en l’absence de traitement spécifique de la mutation BRAF dans le cancer colorectal métastatique (CCRm), les patients ayant la mutation BRAF V600E sont traités en utilisant les mêmes molécules que les autres CCRm avec un statut RAS sauvage. Le traitement de 2ème ligne de ces patients atteints d’un CCRm RAS sauvage dépend des traitements reçus en 1ère ligne. Il repose principalement sur une chimiothérapie le plus souvent associée à une thérapie ciblée par un anti-VEGF ou un anti-EGFR. Les médicaments anti-VEGF indiqués dans cette situation sont AVASTIN (bevacizumab, indiqué en association à une chimiothérapie à base de fluoropyrimidine), ZALTRAP (aflibercept, indiqué en association à la chimiothérapie FOLFIRI dans la prise en charge du CCRm résistant ou ayant progressé après un traitement à base d’oxaliplatine) ou CYRAMZA (ramucirumab) et les anti-EGFR sont ERBITUX (cetuximab) ou VECTIBIX (panitumumab). En cas de non-éligibilité à ces médicaments, les traitements de recours LONSURF (trifluridine/ tipiracil) ou STIVARGA (regorafenib) pourront être envisagés.
Selon les recommandations européennes de l’ESMO 2016 et les recommandations françaises de la SNFGE 2020, il est recommandé en 2ème ligne de changer de protocole de chimiothérapie par rapport à celui utilisé en 1ère ligne. L’association avec le bevacizumab (ou l’aflibercept si le protocole FOLFOX a été utilisé en 1ère ligne) est recommandée dans la plupart des situations. En cas d’utilisation d’un anti-EGFR ou du bévacizumab en 1ère ligne, les anti-EGFR ne sont pas recommandés en 2ème ligne. En cas de traitement en 1ère ligne par le protocole FOLFOXIRI + bévacizumab (recommandé en cas de mutation BRAF), un traitement par cetuximab ou panitumumab associé à l’irinotécan est recommandé. Les patients non traités par bevacizumab dans le cadre de son association à la chimiothérapie en première ligne peuvent en bénéficier lors de la reprise évolutive de la maladie s’ils sont éligibles à cette thérapie ciblée.
Place du médicament
La Commission considère que l’association encorafenib-cetuximab est un traitement de 2ème ligne et plus du cancer colorectal métastatique porteur d’une mutation BRAF V600E.
En l’absence de données disponibles chez les patients ayant un score ECOG de 2 ou plus, la Commission recommande que la décision d’instauration du traitement chez ces patients soit discutée au cours d’une réunion de concertation pluridisciplinaire.
Une surveillance dermatologique régulière au cours du traitement est nécessaire.
Recommandations particulières
Compte tenu du risque important identifié de survenue de cancers cutanés sous traitement par encorafenib-cetuximab, la Commission recommande une surveillance dermatologique régulière tout au long du traitement.
Service Médical Rendu (SMR)
Important |
Le service médical rendu par BRAFTOVI (encorafenib) en association au cetuximab est important l’indication de l’AMM. |
Amélioration du service médical rendu (ASMR)
III (modéré) |
Prenant en compte :
mais également :
la Commission considère que l’association encorafenib/cetuximab apporte une amélioration du service médical rendu modérée (ASMR III) par rapport à un traitement par irinotecan/cetuximab ou FOLFIRI/cetuximab. |
Avis économique
Ce produit a fait l'objet d'un avis économique rendu par la Commission d'évaluation économique et de santé publique le 9 février 2021. L’avis économique porte sur une indication similaire à celle demandée au remboursement, à savoir le traitement, en association au cétuximab, de la population des patients adultes atteints d’un cancer colorectal métastatique (CCRm) porteur d’une mutation BRAF V600E, ayant reçu un traitement systémique antérieur.
La CEESP n’a pas été en mesure de conclure sur le niveau d’efficience du produit en raison d’une réserve méthodologique majeure associée à la fragilité de la comparaison du fait du faible usage en pratique courante du comparateur de l’analyse principale (cétuximab + chimiothérapie), de l’exclusion de bévacizumab des comparateurs, non justifiée au regard de son usage en pratique courante, et de l’instabilité de la frontière d’efficience dans les analyses exploratoires complémentaires.
L’impact budgétaire associé à l’introduction de l’encorafénib représente un doublement des dépenses de l’assurance maladie dans l’indication, dans un contexte où l’efficience n’est pas démontrée.
> BRAFTOVI - Avis économique (pdf)