Covid-19 : face aux variants émergents, vacciner de manière réactive
La campagne de vaccination se poursuit et aujourd’hui, l’épidémie de Covid-19 diminue. La circulation du virus reste cependant active et dans un contexte de levée de mesures restrictives, l’objectif est plus que jamais de limiter la diffusion du virus notamment celle de variants plus contagieux tel que le variant delta. En réponse à une saisine de la Direction générale de la santé, la Haute Autorité de santé (HAS) préconise une stratégie de vaccination réactive, telle qu’expérimentée depuis quelques semaines sur le terrain, afin de compléter la stratégie “Tester - Alerter - Protéger” renforcée et de limiter ainsi l’impact et la diffusion des variants émergents.
Alors que l’épidémie de Covid-19 diminue, les nouveaux variants du virus SARS-CoV-2 font l’objet d’une attention particulière et posent plusieurs questions : celle de la transmissibilité du virus, de la gravité des cas d’infection ou encore celle de l’échappement immunitaire vis-à-vis des différents vaccins disponibles. Face à ce risque, la Direction générale de la santé a saisi la Haute Autorité de santé (HAS) sur l’opportunité, les indications et les modalités éventuelles d’une vaccination autour des cas de Covid-19 comportant un variant préoccupant (VOC) ou un variant d’intérêt (VOI).
Vacciner autour des personnes infectées pour limiter la diffusion d’un variant...
Pour rendre son avis, la HAS a pris en compte la situation épidémiologique, les mesures de freinage et de diffusion du virus et des variants du SARS CoV-2 déjà mises en œuvre ainsi que les données d’efficacité vaccinale vis-à-vis des variants. La HAS s’est également appuyée sur les travaux de modélisation menés par l’Institut Pierre Louis d’épidémiologie et de santé publique et l’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP).
L’efficacité de différentes stratégies de vaccination pour ralentir le risque de diffusion des variants émergents a été évaluée, et notamment :
- la stratégie de vaccination en anneau qui consiste à vacciner autour d’un cas avéré les cas contacts directs (de première génération) et les cas contacts de ces derniers (deuxième génération) ;
- la stratégie de vaccination dite réactive qui consiste à vacciner l’ensemble de l’entourage des cas (c’est-à-dire l’ensemble des individus du foyer du cas détecté, des personnes à son lieu de travail et/ou à l’école/université).
La stratégie de vaccination en anneau apparaît peu pertinente du fait de la durée courte d’incubation pour la Covid-19 (5 jours en moyenne) et d’une protection vaccinale qui débute environ 12 jours après l’injection du vaccin.
La HAS préconise en revanche une stratégie de vaccination réactive en complément du renforcement de la stratégie "Tester - Alerter - Protéger" qui reste la plus efficace dans le cadre d’une stratégie de freinage de la propagation des variants émergents. Une telle stratégie pourrait être envisagée devant la survenue de cas d’infection par certains variants préoccupants et variants d’intérêt du SARS-CoV-2 encore peu présents sur le territoire ciblé et à la suite d’une investigation de l’Agence régionale de santé (ARS) et de la cellule régionale de Santé publique France pour remonter la chaîne de contamination.
…très rapidement, dès la détection du premier cas
La HAS souligne que pour permettre de ralentir le risque de diffusion de tels variants émergents et de réduire de façon significative le taux d’infections secondaires, la stratégie de vaccination réactive nécessite d’être mise en œuvre très rapidement - dès la survenue d’un premier cas de variant détecté. Une acceptabilité optimale de la vaccination par la population concernée est également une des conditions de réussite de cette stratégie vaccinale.
La mise en œuvre de cette dernière nécessite, par ailleurs, la mobilisation rapide de l’ensemble des acteurs pour l’administration du vaccin dans les lieux fréquentés par l’entourage des cas, par exemple par l’intermédiaire d’une équipe mobile ou de centres de vaccination éphémères, mais aussi de l’ensemble des professionnels de santé en ville et en médecine du travail.
En ce qui concerne l’acceptabilité de cette stratégie, la HAS préconise qu’une communication adaptée soit effective à l’échelle de la population concernée afin que les personnes comprennent bien l’intérêt d’une telle stratégie. A ce titre, le retour d’expérience des opérations de vaccination ciblée mises en œuvre actuellement à Bordeaux, Brest et Strasbourg pourra permettre d’identifier les contraintes opérationnelles. Mais dans tous les cas cette stratégie devra faire l’objet d’une évaluation systématique pour vérifier son efficacité et identifier des points d’amélioration.
Enfin, la HAS insiste sur l’importance de respecter les gestes barrières, en particulier dans ce contexte spécifique d’émergence de variants du SARS-CoV-2 et de levée progressive des mesures restrictives.
Quel vaccin face aux variants dans le cadre d’une stratégie vaccinale réactive ? Dans son avis, la HAS émet des recommandations sur le choix du vaccin à administrer dans le cadre d’une stratégie réactive. La HAS précise ainsi qu’il dépendra du variant détecté et des connaissances sur l’efficacité des différents vaccins vis-à-vis de ce variant. L’efficacité des vaccins à ARNm apparaît globalement conservée contre les variants beta (B.1.351), gamma (P.1) et delta (B.1.617.2). L’utilisation du vaccin Vaxzevria® n’est pas préconisée en cas de circulation du variant beta (B.1.351). En conclusion, la HAS estime que, dans la situation actuelle, l’utilisation des vaccins à ARNm devrait donc être privilégiée dans le cadre d’une telle intervention. Enfin, la HAS précise que la stratégie de vaccination réactive s’applique à toutes les personnes éligibles à la vaccination (plus de 18 ans ou plus de 12 ans pour le vaccin Comirnaty®), non encore vaccinées ou incomplètement vaccinées et chez qui une vaccination complète (deux doses ou une pour les personnes ayant un antécédent de Covid-19) est nécessaire. Dans ce cadre, la vaccination devra privilégier les vaccins à ARNm (quel que soit le vaccin reçu antérieurement) et respecter le schéma vaccinal recommandé. La HAS souligne l’intérêt de respecter un délai de 3 à 4 semaines entre les deux doses de vaccin à ARNm. |
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