Choix et durées d'antibiothérapies : Prise en charge des dermohypodermites bactériennes non nécrosantes (DHBNN) chez l’adulte
L’expansion de l’antibiorésistance constitue un problème majeur de santé publique au niveau national et international. La HAS met à disposition des professionnels de santé une série de fiches synthétiques préconisant le choix et les durées d'antibiothérapie les plus courtes possibles pour les infections bactériennes courantes de ville.
Ces fiches synthétiques ont été élaborées en partenariat avec la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF) et le Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique (GPIP) et relues par le Collège de la médecine générale et les sociétés savantes concernées.
- Le but de cette fiche mémo est de favoriser la prescription appropriée d’antibiotiques, afin de traiter efficacement les patients tout en diminuant les résistances bactériennes pouvant conduire à des impasses thérapeutiques.
- Le choix de l’antibiotique, dose, posologie, modalité d’administration et la durée sont les éléments à prendre en compte pour une prescription adaptée.
Les dermohypodermites bactériennes non nécrosantes (DHBNN), anciennement érysipèle, sont principalement dues au streptocoque β-hémolytique du groupe A (Streptococcus pyogenes).
En cas de DHBNN non compliquée chez l’adulte
- Antibiothérapie antistreptococcique par voie orale
- En première intention :
- amoxicilline : 50 mg/kg/j en 3 prises (sans dépasser 6 g/j) pendant 7 jours.
- En cas d’allergie documentée à la pénicilline :
- clindamycine : 600 mg 3 fois par jour, et jusqu’à 600 mg 4 fois par jour si poids > 100 kg, pendant 7 jours,
- ou pristinamycine : 1 g 3 fois par jour pendant 7 jours
- En première intention :
- Ne pas prolonger l'antibiothérapie : la régression complète des signes cutanés est souvent retardée par rapport aux signes généraux (2 voire 3 semaines).
- Il est recommandé de ne pas prescrire d’antibiothérapie locale, ni de corticoïdes, ni d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) en adjuvant.
Pour l’ensemble des mesures d’accompagnement, se référer aux recommandations HAS, SPILF et SFD « Prise en charge des infections cutanées bactériennes courantes », février 2019.
En cas de situations particulières
- En cas de plaie par morsure animale :
- amoxicilline-acide clavulanique oral : 50 mg/kg/j d’amoxicilline sans dépasser 6 g par jour, et sans dépasser 375 mg par jour d’acide clavulanique, pendant 7 jours.
- En cas d’allergie documentée à la pénicilline :
- avis spécialisé.
- Dans les situations suivantes, un avis spécialisé est recommandé :
- DHBNN liées aux soins ;
- exposition aquatique et marine ;
- injection septique (toxicomanie IV).
Prévention des récidives (principale complication)
- Prise en charge des facteurs de risque existants dans tous les cas :
- le lymphœdème doit être traité par compression médicale (se référer aux recommandations HAS 2010 « Compression médicale dans le lymphœdème »)
- les portes d’entrée existantes (plaies, intertrigo, dermatose sous-jacente) doivent faire l’objet d’un traitement adapté ;
- l’obésité doit être prise en charge : orientation vers une consultation spécialisée (se référer aux recommandations HAS 2011 « Surpoids et obésité de l’adulte »).
- Antibioprophylaxie (recommandée à partir de 2 épisodes de DHBNN dans l’année écoulée chez les patients présentant des facteurs de risque non contrôlables, ou non résolutifs) :
- benzyl-pénicilline G retard : 2,4 MUI IM toutes les 2 à 4 semaines ;
- pénicilline V (phénoxyméthylpénicilline) PO : 1 à 2 millions UI par jour selon le poids en 2 prises.
La durée de traitement est à évaluer en fonction de l’évolution des facteurs de risque de récidive.
Autres infections bactériennes cutanées
Consulter les fiches mémo préconisant les durées d'antibiothérapie dans les infections bactériennes cutanées suivantes :
- Prise en charge des dermohypodermites bactériennes non nécrosantes (DBNN) chez l’enfant
- Prise en charge des furoncles chez l’adulte et chez l’enfant
- Prise en charge des furonculoses
- Prise en charge des abcès cutanés
- Prise en charge de l’impétigo