Surpoids et obésité chez l’enfant : vers une prise en charge globale et multidimensionnelle
Dans le cadre de la stratégie de transformation du système de santé « Ma santé 2022 » et en lien avec la feuille de route interministérielle sur l’obésité (2019-2022), la Haute autorité de santé (HAS) publie un guide pour optimiser le parcours de soins de l’enfant et de l’adolescent en situation de surpoids ou d’obésité et accompagner les professionnels de santé dans sa mise en œuvre. La HAS rappelle l’importance de la mesure de l’indice de masse corporelle (IMC), point de départ du dépistage du surpoids et de l’obésité, et détaille les autres aspects à prendre en compte et sur lesquels mobiliser différents professionnels tout au long d’un parcours de soins qui doit être coordonné, gradué et inscrit dans la durée pour être efficace.
Maladie chronique complexe, l’obésité peut entraîner dès l’enfance, des difficultés respiratoires, des troubles musculosquelettiques, un risque accru de fractures ou encore une hypertension artérielle. Les enfants et adolescents en situation de surpoids ou d’obésité sont généralement moins épanouis, ont une moins bonne image de leur corps, sont plus souvent harcelés et peuvent avoir de moins bons résultats scolaires. En raison des possibles conséquences psychologiques et sociales, l’optimisation du parcours de soins et d’accompagnement du surpoids et de l’obésité constitue un véritable enjeu de santé publique.
Comme le rappelle la HAS dans le cadre de ses recommandations, le repérage précoce du surpoids et de l’obésité constitue le point de départ du parcours de l’enfant et de l’adolescent. La mesure de l’IMC mais également l’analyse de la courbe de croissance, à l’aide des courbes de référence du carnet de santé, sont ainsi indispensables pour un diagnostic précoce de cette maladie. Les différentes occasions de consultation (examens de santé, vaccination, renouvellement de licence sportive…) constituent autant de possibilités pour dépister et faire le point sur les habitudes de vie. Absolument nécessaires, la mesure de l’IMC et l’analyse de sa dynamique au cours du temps ne suffisent pas à elles seules à caractériser la situation de surpoids et d’obésité de chaque enfant. La prise de poids peut être symptomatique d’une souffrance prenant la forme d’un « appel au secours » qu’il est essentiel d’entendre. Ce guide qui détaille le parcours de soins qu’enfants et adolescents se verront proposer, donne les clés pour explorer plus finement les dimensions à approfondir pour que les soins et les accompagnements proposés soient adaptés et personnalisés et rappelle que la perte du poids n’est pas un objectif prioritaire sauf en cas de complications.
Une consultation pour aborder les différentes dimensions du problème et identifier les acteurs qui auront à intervenir
Parce qu’il est essentiel de s’intéresser aux habitudes de vie de l’enfant et de repérer rapidement les éventuelles difficultés psychologiques, sociales, scolaires, associées en tant que causes ou conséquences de l’obésité, la HAS insiste sur la nécessité de mettre en œuvre une évaluation multidimensionnelle qui appréhende la situation au-delà de l’indice de masse corporelle (IMC), permettant de proposer des réponses personnalisées.
Réalisée en premier lieu par le médecin qui suit l’enfant ou l’adolescent, cette évaluation nécessite une consultation longue menée si nécessaire en deux temps : avec les parents, puis l’enfant seul. A l’issue de cette consultation, le médecin oriente si besoin vers des professionnels de proximité, d’autres médecins spécialistes ou vers une structure spécialisée dans l’obésité quand la situation est complexe, pour compléter l’évaluation et construire une offre personnalisée de soins et d’accompagnement avec l’enfant, l’adolescent et ses parents. Le guide propose également une démarche spécifique pour les situations de surpoids ou d’obésité sans complications et lorsqu’au contraire l’obésité devient sévère et qu’il y a un cumul de facteurs associés.
9 fiches pour orienter les familles vers les professionnels de proximité Les professionnels ciblés par ce guide sont particulièrement nombreux et variés. Ils peuvent être impliqués aussi bien dans le dépistage, l’évaluation multidimensionnelle de la situation, que dans la mise en œuvre de l’accompagnement, son évaluation et son réajustement au fil de la prise en charge. Le guide comprend notamment neuf fiches présentant les situations conduisant à solliciter un ou plusieurs professionnels de proximité : infirmier dans le cadre d’un exercice coordonné, psychologue, pédopsychiatre, diététicien, enseignant en activité physique adaptée, kinésithérapeute, ergothérapeute, psychomotricien, travailleur social, service de la santé scolaire. |
La coordination des soins et de l’accompagnement constitue un facteur clé de réussite, notamment pour veiller à la cohérence des messages, éviter la juxtaposition des actes, les ruptures dans la prise en charge qui sera longue et donner du sens au parcours. Elle repose sur une forte mobilisation des intervenants mais également sur l’implication de l’enfant et de sa famille. Le soutien par les associations d’usagers est à encourager. Dans les situations complexes, des réunions de concertation pluriprofessionnelles, un support commun pour la concertation, la coordination et le suivi destiné aux équipes (plan individualisé de soins et de coordination) ainsi qu’un référent de proximité sont préconisés.
Une prise en charge longue, graduée et modulable pour accompagner l’adolescent y compris dans son passage vers l’âge adulte
Parce qu’une situation d’obésité ou de surpoids est évolutive, la HAS insiste sur l’importance de moduler les soins et l’accompagnement en fonction de l’évolution de la situation individuelle et familiale et de l’atteinte des objectifs. Ainsi graduée, la prise en charge doit être appréhendée avec le bon « dosage » des intervenants, des interventions et de leur intensité en fonction des besoins et de l’âge.
Cet accompagnement personnalisé à mener sur un temps long doit également permettre de préparer l’importante transition vers l’âge adulte et le passage des soins pédiatriques aux soins adultes. Cet enjeu est d’autant plus important que si la probabilité qu’un enfant obèse le reste à l’âge adulte varie de 20 à 50 % avant la puberté, elle atteint 50 à 70 % après la puberté. Préparée longtemps en amont de la première consultation en soins adultes, cette transition doit aider l’adolescent à prendre soin de lui et de sa santé de manière la plus autonome possible. Les professionnels de santé doivent faire évoluer progressivement leur approche relationnelle avec le jeune et expliquer l’importance de cette préparation aux parents.
Ce guide, qui n’élude pas les spécificités liées aux patients en situation de handicap, s’inscrit dans la continuité des travaux déjà publiés par la HAS et est en lien avec la feuille de route interministérielle sur l’obésité (2019-2022). Ce premier parcours dédié à l’enfant et l’adolescent sera complété prochainement par l’élaboration d’un guide du parcours de soins pour l’adulte en situation de surpoids ou d’obésité.
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