Élargissement des compétences en matière de vaccination des infirmiers, des pharmaciens et des sages-femmes chez les enfants et adolescents de moins de 16 ans
A qui s’adresse ces recommandations ?
Elles s’adressent aux pouvoirs publics
Quels sont les objectifs de cette recommandation ?
Les objectifs de cette recommandation sont :
- Préciser les vaccins à destination des enfants et adolescents de moins de 16 ans pour lesquels une extension des compétences vaccinales pourrait être envisagée ;
- Définir le degré d’évolution des compétences de ces professionnels de santé pour la prescription et l’administration de ces vaccins ;
- Établir les formations requises et/ou pré-requis nécessaires à la pratique des vaccinations identifiées pour les 3 professions ;
Principaux éléments pris en considération
La HAS a pris en considération :
- Le calendrier vaccinal (y inclus les vaccins vivants atténués pour lesquels aucun signal de sécurité n’a été soulevé dans la revue de littérature) ;
- Les indications et les contre-indications des vaccins ;
- L’état des lieux de la couverture vaccinale en France pour les différents vaccins à destination des enfants et des adolescents, en particulier les taux de couverture vaccinale qui sont très élevés chez les nourrissons jusqu’à 24 mois ;
- La nécessité d’augmenter la couverture vaccinale après 24 mois, dans un contexte où la prévention est une priorité de santé publique majeure et où le recours aux médecins est un facteur possiblement limitant de la vaccination ;
- L’impact positif, à l’étranger notamment, de l’élargissement des compétences vaccinales des professionnels de santé non-médecins non seulement en tant qu’effecteurs de la vaccination mais également dans la promotion de la vaccination en général, en complément du rôle important des médecins ;
- L’opportunité, créée par l’élargissement des compétences vaccinales, de démultiplier les contacts entre les professionnels de santé d’une part (occasions de coopérations interprofessionnelles), et entre ces derniers et les patients d’autre part ;
- Les compétences actuelles des professionnels de santé concernant la vaccination des enfants et des adolescents ;
- Les données limitées sur l’acceptabilité des professionnels de santé quant à la vaccination des enfants et adolescents ;
- Les données sur l’acceptabilité des parents concernant la vaccination des enfants et adolescents par d’autres professionnels de santé non-médecins ;
- L’impact de la formation des professionnels de santé sur leur capacité à transmettre les messages sur l’importance de la vaccination et qui joue également un rôle clé sur la confiance de la population, en plus de garantir une bonne pratique et un service de qualité ;
- La nécessité de mettre en place, un carnet de vaccination électronique comme outil de traçabilité de la vaccination et d’aide à la décision ;
- Les points de vue émis par les différentes parties prenantes ;
- La nécessité d’inscrire l’élargissement des compétences vaccinales dans une approche de prévention globale et coordonnée de la santé des populations concernées (au-delà de l’acte de l’administration et prescription) et prenant en compte les considérations de santé publique ;
- Le rôle essentiel des médecins généralistes et des pédiatres dans le suivi du développement physiologique et psychologique des nourrissons, des enfants et des adolescents.
Recommandations
Dans un objectif de simplification du parcours vaccinal et de multiplication des opportunités de vaccination, afin de favoriser l’augmentation des couvertures vaccinales (notamment chez les enfants de 2 à 15 ans où elles sont encore insuffisantes), la HAS est favorable à une extension des compétences vaccinales des infirmiers, pharmaciens et sages-femmes pour l’ensemble des vaccins obligatoires et/ou recommandés chez les enfants et adolescents de moins de 16 ans du calendrier vaccinal (BCG, Diphtérie-Tétanos-Poliomyélite, Haemophilus Influenzae de type b (HIB), Hépatite B, Coqueluche, Pneumocoque, Méningocoque B, Méningocoque C, Méningocoque ACYW, Rougeole -Oreillons-Rubéole, Papillomavirus humain (HPV), Varicelle, Grippe, fièvre jaune ). La HAS précise néanmoins que cet élargissement des compétences ne concerne pas la prescription de vaccins vivants chez des personnes immunodéprimées, qui doit rester une compétence réservée aux seuls médecins, notamment en raison des particularités liées au risque de survenue de maladie vaccinale après vaccination avec un vaccin vivant.
Ainsi, la HAS recommande que :
- La compétence de prescription puisse être élargie:
- aux infirmiers pour les vaccins à destination des enfants âgés de 24 mois à 15 ans révolus, à l’exception des vaccins vivants chez les immunodéprimés; l’enjeu majeur en termes de gain de couverture vaccinale se situant après l’âge de 24 mois ;
- aux pharmaciens pour les vaccins à destination des enfants âgés de 24 mois à 15 ans révolus, à l’exception des vaccins vivants chez les immunodéprimés l’enjeu majeur en termes de gain de couverture vaccinale se situant après l’âge de 24 mois ;
- aux sages-femmes pour les vaccins à destination des enfants âgés de 29 jours à 15 ans révolus, à l’exception des vaccins vivants chez les immunodéprimés. En effet, la HAS rappelle que les sages-femmes peuvent déjà vacciner les nouveaux nés, de la naissance à l’âge de 29 jour (prescription et administration BCG et hépatite B). Une telle extension vise donc à assurer un continuum de prise en charge de la naissance à l’adolescence.
- La compétence d’administration puisse être élargie :
- aux pharmaciens pour les vaccins à destination des enfants âgés de 24 mois à 15 ans révolus, notamment pour les rappels et les rattrapages, à l’exception pour la vaccination contre la grippe saisonnière des enfants qui présentent des allergies à l’ovalbumine ou à une vaccination antérieure pour la vaccination contre la grippe saisonnière ; l’enjeu majeur en termes de gain de couverture vaccinale se situant après l’âge de 24 mois ;
- aux sages-femmes pour les vaccins à destination des enfants âgés de 29 jours à 15 ans révolus ;
En outre, la HAS recommande :
- de subordonner l’élargissement des compétences des professionnels de santé ci-dessus cités à la conduite d’une formation certifiantepour les professionnels n’ayant pas suivi des modules spécifiques de vaccination infantile (les sages-femmes n’étant pas concernés par cette formation certifiante) ;
- de renforcer la formation initiale et continue de ces professionnels de santé en vaccinologie et sur les enjeux de santé publique ;
- d’inscrire cette démarche dans le cadre d’un parcours de santé global de l’enfant et de l’adolescent mobilisant tous les professionnels de santé, au-delà de l’acte de prescription et d’administration des vaccins, et d’accompagner ces mesures d'extension des compétences par des campagnes de sensibilisation et d'information régulières pour renforcer l’adhésion de tous et particulièrement celle des parents ;
- de favoriser les visites médicales pour permettre le maintien d’un suivi ;
- de subordonner l’élargissement à la mise en place effective de l’outil de traçabilité et d’aide à la décision tel qu’un carnet de vaccination électronique ;