Avis n°2022.0039/AC/SESPEV du 7 juillet 2022 du collège de la Haute Autorité de santé relatif à la vaccination contre le virus Monkeypox en préexposition des personnes à haut risque d’exposition

Avis et décisions de la HAS - Mis en ligne le 08 juil. 2022

A qui s’adresse cet avis ?

Il s’adresse aux décideurs publics

 

Quels sont les objectifs de cet avis ?

Préciser la pertinence de recommander la vaccination aux populations présentant un très haut risque d’exposition au virus Monkeypox et la stratégie de priorisation à mettre en œuvre entre les différentes indications en fonction du nombre de doses de vaccins disponibles


Principales conclusions de la recommandation

La HAS recommande :

  • De renforcer autant que possible la vaccination post-exposition telle que proposée dans l’avis HAS du 20 mai 2002
  • Qu’une vaccination en préexposition par les vaccins de 3ème génération uniquement (au vu du profil de tolérance, meilleur que celui des vaccins de 1ère et 2ème génération et de son efficacité) MVA-BN (Imvanex et Jynneos) puisse être proposée aux personnes à très haut risque d’exposition avec une priorisation des populations à vacciner incluant les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) rapportant des partenaires sexuels multiples et les personnes trans rapportant des partenaires sexuels multiples, les personnes en situation de prostitution lorsqu’elles en expriment la demande et les professionnels des lieux de consommation sexuelle, quel que soit le statut de ces lieux.

La HAS ne recommande pas, à ce stade, la vaccination systématique en préexposition des professionnels à très haut risque d’exposition professionnelle au Monkeypox. En cohérence avec les données épidémiologiques disponibles à ce jour, ces professionnels sont en effet considérés comme étant à très faible risque étant donné que les mesures d’hygiène habituelles et le port d’équipement de protection individuelle permettent de se prémunir d’une infection. Cependant, une vaccination en préexposition pourra être envisagée, au cas par cas, notamment en raison de leur exposition au virus, de facteurs de risques individuels de formes graves ou à leur demande.

La HAS rappelle que le schéma vaccinal comporte 2 doses espacées de 28 jours, que les personnes antérieurement vaccinées contre la variole recevront une seule dose. En outre, la HAS précise que les vaccins Imvanex et Jynneos sont interchangeables.

La HAS rappelle également qu’à ce jour, en cohérence avec la position de l’ANSM et compte tenu des données limitées disponibles chez les femmes enceintes ou allaitantes, il est préférable d’éviter l’utilisation du vaccin de 3ème génération MVA-BN (Imvanex et Jynneos) chez la femme enceinte ou allaitante, sauf s’il est estimé que le bénéfice potentiel en termes de prévention de la variole est supérieur au risque potentiel.

La vaccination en préexposition pourrait être proposée notamment dans les établissements de santé sexuelle comme les CeGIDD dès lors que les conditions de stockage et de conservation des vaccins le permettront (le vaccin Imvanex nécessitant une conservation au congélateur (à -20°C ± 5°C ou à -50°C ± 10°C ou à -80°C ± 10°C)).

En cas de tension d’approvisionnement des vaccins, la HAS recommande que la priorité soit donnée à la vaccination en post-exposition des personnes contacts à risque et estime que l’administration de la seconde dose pourra être différée de plusieurs semaines en cas de besoin.

La HAS rappelle que l’efficacité en vie réelle des vaccins antivarioliques de 1ère et 2ème génération est estimée à 85% contre le Monkeypox et reste à déterminer plus précisément pour les vaccins de 3ème génération, et qu’un délai, actuellement mal connu, est nécessaire après l’administration du vaccin pour obtenir un niveau de protection optimal. Par conséquent, le respect des mesures de prévention de la transmission du virus Monkeypox en milieu hospitalier et au domicile, telles que préconisées par le HCSP dans son avis du 24 mai 2022 relatif à la conduite à tenir autour d’un cas suspect, probable ou confirmé d’infection à Monkeypox virus et la conduite à tenir telle que préconisée par Santé Publique France pour se protéger contre la variole du singe reste absolument nécessaire, même pour les personnes vaccinées.

La HAS poursuit ses travaux de veille scientifique et adaptera ses recommandations en fonction des nouvelles données épidémiologiques et cliniques.