Mise en place de la check-list
Oui. Depuis 2010, la mise en place d’une check-list « Sécurité du patient au bloc opératoire » est obligatoire dans le cadre de la procédure de certification des établissements de santé. Lors de la visite de certification des établissements de santé, les experts visiteurs s’assurent de la vérification systématique des points critiques avant toute intervention, que ce soit sur la base de la check-list HAS V2018, d’une check-list spécialisée ou d’une check-list personnalisée.
L’objectif est à la fois de vérifier les conditions de sécurité et de partager (voire confronter) les informations relatives au patient, au matériel et produits utilisés entre membres de l’équipe. Dans la pratique, chaque acteur du bloc procède aux vérifications qui le concernent à haute voix, et c’est généralement l’infirmier(e) de salle ou d’autres membres de l’équipe, anesthésiste par exemple, qui coche les items au fur et à mesure sur le document. Si un critère n’a pas été renseigné, alors la question peut (et doit) être posée par le coordonnateur check-list.
La check-list n’est pas réservée aux interventions programmées. Les interventions réalisées en urgence nécessitent aussi ce type de vérifications croisées. Cependant, la manière de réaliser la check-list est alors différente. En urgence, la déclinaison des contrôles se fait par chacun verbalement, tout en mettant en œuvre l’intervention. La formalisation des réponses peut être assurée dans un deuxième temps.
La check-list est un outil de gestion des risques. Les items retenus dans une check-list, que ce soit la version générique ou une autre, sont considérés comme essentiels et doivent être vérifiés avant toute intervention, dans toutes les circonstances. Les vérifications croisées sont alors assurées par les acteurs présents.
Par exemple, les anesthésistes ont conçu une check-list anesthésie loco-régionale (disponible sur le site de la SFAR). Celle-ci devra être adaptée aux spécificités de chaque établissement de santé pour assurer une bonne coordination avec l’équipe chirurgicale, qui n’est le plus souvent pas présente au moment de cet acte d’anesthésie.
La check-list « Sécurité du patient au bloc opératoire » a été rédigée de manière générique. Obligatoire pour le bloc opératoire dans le cadre de la certification des établissements de santé, elle peut aussi être utilisée dans toutes circonstances où sont réalisés en équipe des actes interventionnels.
La logique est la même : accueillir le bon patient, pour une intervention confirmée, en précisant les éléments critiques. Les équipes devant s’assurer par ailleurs que les équipements et produits qui conviennent soient disponibles et opérationnels. Dans cette situation, il est fortement recommandé de l’adapter aux modalités de l’intervention et aux spécificités de la discipline.
Il appartient à chaque établissement de santé et à chaque bloc opératoire de déterminer sa stratégie de coordination du dispositif check-list et, en particulier, de désigner le coordonnateur, de définir sa mission exacte et d’identifier le type d’alerte qui pourrait traduire une difficulté de mise en œuvre. La mission du coordonnateur (et en pratique sa seule responsabilité) est de proposer à l'équipe de vérifier les critères de la check-list et d'assurer son renseignement complet et correct, c'est à dire la vérification des items en temps réel et de manière croisée au sein de l'équipe médico-soignante.
En cas de dommage consécutif à un acte médical (anesthésique ou chirurgical), le médecin supporte seul la responsabilité, il est celui qui a réalisé l’acte médical.
Le comptage des instruments vise à ne pas « oublier » de dispositifs médicaux - évènement pas si exceptionnel que ça et à l’impact catastrophique. Il appartient à chaque équipe selon sa spécialité d’identifier quelle procédure est à adopter et quels éléments à risque sont concernés et de vérifier que le comptage a bien été réalisé.
Le support de la check-list est variable : document papier ou dossier informatisé. Il peut être archivé dans le dossier du patient, ou dans le bloc opératoire, selon les usages de l’établissement.
Faciliter la mise en œuvre de la check-list
L’implémentation d’une check-list dans un bloc opératoire est une intervention socio-culturelle plus complexe qu’il n’y parait. Penser qu’il suffit de poser le formulaire dans le bloc opératoire, même après un discours porteur et inspiré de leaders de l’établissement, en commission médicale d’établissement ou en conseil de bloc, est totalement illusoire. En fait, la réussite de son implantation nécessite une stratégie multimodale qui nécessite un environnement favorable avec l’implication de la direction et des instances décisionnelles et représentatives, l’engagement des leaders, la formation des équipes du bloc, l’implication et le soutien des équipes anesthésiques et chirurgicales, et l’encadrement infirmier.
Des simulations, à l’aide d’ateliers pratiques, peuvent permettre d’expliquer les règles et de clarifier les responsabilités de chacun.
En vue d’améliorer son utilisation, ou même de soutenir la dynamique initiale, une auto-évaluation de l’utilisation de la check-list au bloc opératoire doit être mis en place dans les établissements de santé. La HAS a mis à disposition des équipes des outils pour mener ces auto-évaluations.
La mise en place de la check-list nécessite une campagne d’information (plaquettes, guides, affiches, livrets d’accueil, réunions de présentation et d’information…) adressée à l’ensemble du personnel de l’établissement, aux usagers et à leurs représentants.
La check-list en cas de problème ou de situations imprévues
La mise en place de la check-list nécessite l’engagement le soutien et la mobilisation non seulement des équipes du bloc opératoire mais aussi celles des responsables de l’établissement.
En cas de refus, il convient de réunir les protagonistes concernés, responsables de secteurs, de la direction, de la CME, conseil de bloc, du CHSCT, du CLIN, représentants des usagers pour réfléchir aux modalités pratiques qu’il importe de mettre en place, afin d’adapter la check-list à la situation locale. Un travail d’analyse doit permettre d’étudier les problèmes et d’y trouver les solutions.
La HAS recommande aux utilisateurs qui rencontrent des difficultés dans la mise en œuvre de la check-list de procéder aux adaptations nécessaires pour une meilleure adoption.
Il importe que le coordonnateur trace ces situations de récupération et d’atténuation, par exemple dans un encart spécifique de la check-list.
Le NO GO, en effet correspond à l'arrêt de la procédure lorsque l’un des items de la check-list n’a pas pu être vérifié. Plusieurs situations sont possibles
- la sortie du patient du bloc opératoire et à sa re programmation ;
- l'arrêt momentané de l'intervention.et sa reprise ;
- la poursuite de l'intervention sans interruption.
Pour les situations 2 et 3, Il convient que le coordonnateur doit tracer :
- l'adaptation assurée (situation 2)
- la raison de la poursuite de l'intervention en rapport avec l'intérêt du patient (notion de bénéfices/risques) (situation 3).
Le résultat de ces données est essentiel, chaque situation d'écart constitue un retour d'expérience fondateur (il s'agit de situations propres à l'équipe) qui doit être réétudié en staffs.
Il s'agit dans ce cadre, d'être pédagogique, d'associer l'ensemble des professionnels concernés, de reconsidérer les démarches en conseil de bloc, en comité des vigilances et des risques par exemple et d'intégrer rapidement ces éléments dans des exercices de simulation, par ex. "comment réagir à une situation de..."
Ces échanges qui s'attachent à améliorer la communication, visent à l'amélioration de la qualité et de la sécurité du patient. Ces moments de paroles constituent des verrous supplémentaires. Cette dynamique peut aussi faire l'objet d'échanges avec les représentants des usagers.
Il importe que la préparation soit non seulement tracée mais aussi effective. En cas de difficultés rencontrées à l’arrivée du patient, le personnel doit considérer que cet item de la check-list n’est pas validé. Il convient de tracer la décision prise en concertation par l’équipe de la conduite à tenir : interruption de l’intervention avec retour du patient en unité d’hospitalisation ou maintien du patient au bloc opératoire avec retard dans la programmation pour l’apport des soins requis.
La réalisation d’une check-list doit permettre à l’équipe de vérifier les sujets les plus susceptibles d’être à risque pour le patient. En cas de patient pris en urgence, il importe de recourir à tous les moyens qui permettent d'anticiper les risques éventuels, interrogatoire des personnes accompagnant le patient, renseignement auprès du médecin traitant par exemple.
En cas d'absence totale de renseignement, l'équipe précisera (dans un encart dédié de la check-list par exemple) la situation de prise en charge justifiant l'absence de renseignements de l’item en question.
Modifier et adapter la check-list
En réponse aux demandes des professionnels et afin d'adapter la check-list à certaines spécificités, la HAS a élaboré en collaboration avec les sociétés savantes et organisations professionnelles, d’autres check-lists dites « spécialisées ». Elles sont téléchargeables à partir du site de la HAS. Déclinées à partir de la check-list "Sécurité du patient au bloc opératoire", ces documents permettent de s’adapter aux problématiques propres à ces activités effectuées le plus souvent dans des unités dédiées. Ces check-lists spécifiques seront celles opposables (et non la CL générique du bloc opératoire), dans la procédure de certification.
La HAS propose également aux CME, aux conseils de bloc et aux professionnels intervenant au bloc opératoire qui souhaiteraient se réapproprier l’outil dans le cadre d’une démarche d’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins, d’élaborer leur propre check-list personnalisée. Pour ce faire, une fiche pratique est mise à disposition sur le site de la HAS.
La check-list HAS générique est un document qui a vocation à être appliqué à tous types de chirurgie et types d’établissement. Cependant, au vu des évaluations menées et afin d’améliorer son appropriation par les équipes du bloc opératoire, les établissements sont fortement encouragés à adapter la check-list à leurs spécificités.
Pour cela, la HAS met à disposition une fiche pratique, qui détaille les items devant impérativement faire l’objet d’une vérification (pour toutes les spécialités et quel que soit le contexte), et les adaptations possibles à partir de ce socle. L’ajout d’items ou la modification de leur formulation sont autorisés, sous réserve que les vérifications impératives soient bien effectuées.
La mise en œuvre d’une check-list personnalisée est encouragée, sous réserve que cette check-list respecte strictement le socle impératif défini par la HAS en lien avec les représentants des différentes organisations professionnelles et sociétés savantes. Ces éléments sont présentés dans la fiche « Élaborer une check-list personnalisée pour la sécurité du patient au bloc opératoire/interventionnel », disponible sur le site de la HAS.
La HAS ne validera pas les check-lists personnalisées élaborées directement par les professionnels à partir de fa fiche « Élaborer une check-list personnalisée pour la sécurité du patient au bloc opératoire/interventionnel ». Lors de la visite de certification des établissements de santé, les experts visiteurs s’assurent de la vérification systématique des items impératifs (socle) avant toute intervention, que ce soit sur la base de la CL HAS V2018, d’une CL spécialisée ou d’une CL personnalisée. Le fait d’adapter une CL témoigne de la dynamique d’amélioration continue des pratiques et de la sécurité des patients dans un secteur interventionnel et est valorisé en tant que tel.
Une question sur la check-list ? Contactez-nous à l’adresse contact.evoqss@has-sante.fr