Évènements indésirables graves associés aux soins (EIGS) en lien avec les services des urgences : une analyse des déclarations faites par les professionnels et les établissements de santé
La HAS publie pour la première fois un rapport d’analyse de 195 événements indésirables graves associés aux soins (EIGS) en lien avec les services des urgences, déclarés à la HAS dans le cadre du dispositif national entre le 1er janvier 2022 et le 31 mars 2023. Huit préconisations à destination des professionnels de santé, des structures de soins, des régulateurs de l’offre de soins et du législateur y ont été formulées afin d’améliorer la sécurité des patients.
Contexte
Depuis plusieurs années, le fonctionnement des services des urgences fait l’objet de tensions en France. Celles-ci sont liées, entre autres, à des difficultés en ressources humaines, à l’augmentation continue du nombre de passages aux urgences, parfois pour des situations ne le justifiant pas, et à des afflux périodiques importants de patients, surtout en période hivernale lors d’épidémies virales.
Les tensions rencontrées par les services des urgences peuvent avoir un impact sur la qualité et la sécurité des soins. De ce fait, plusieurs travaux missionnés par le ministère de la Santé et de la Prévention et le Sénat se sont attachés, ces dernières années, à essayer de proposer des solutions pour améliorer la prise en charge des patients. La HAS a souhaité apporter son concours à ces travaux en analysant les EIGS qu’elle reçoit.
La HAS publie pour la première fois une analyse des EIGS en lien avec les services des urgences. Il n’est donc pas possible d’étudier une éventuelle évolution dans le temps des causes de ces EIGS.
Des risques connus de longue date mais qui continuent de causer des EIGS...
Il est important de souligner que les causes profondes des EIGS identifiées par les déclarants n’ont pas révélé, à quelques exceptions près, de risques spécifiques aux urgences ou inconnus jusqu’alors. Au contraire, il s’agit de risques connus depuis des années (exemples : surcharge de travail, erreurs médicamenteuses...) et au sujet desquels il existe déjà de nombreuses publications. Mais l’analyse réalisée par la HAS permet de constater que les mêmes dysfonctionnements perdurent et qu’il faut continuer à travailler sur ces risques pour améliorer la sécurité des patients dans les services des urgences.
Ainsi, les préconisations émises par la HAS ne concernent que les causes profondes identifiées au cours de l’analyse des déclarations d’EIGS. Elles ne reprennent pas toutes les recommandations déjà citées dans de précédents travaux réalisés par la HAS ou par d’autres organismes, qui restent complètement valides.
Sur la base de ce que les professionnels et les structures de soins ont déclaré, la HAS rappelle qu’il est essentiel de :
- Poursuivre la fluidification du parcours de soins des patients avant, pendant et après leur prise en charge par les services des urgences.
- Assurer la sécurité des patients lors d’hébergements inadaptés.
- Mieux former les professionnels aux spécificités des services des urgences (compétences techniques) et aux compétences non techniques, en particulier au travail en équipe.
- Renforcer le partage des informations nécessaires à la bonne prise en charge du patient tout au long de son parcours.
- Sensibiliser davantage les professionnels aux risques d’erreurs diagnostiques (diagnostic retardé, erroné ou manqué) et mettre en place des outils d’aide au diagnostic pour les situations les plus à risque.
- Accentuer la sécurisation de la prise en charge médicamenteuse et de l’utilisation des dispositifs médicaux.
- Mieux prévenir les actions du patient contre lui-même (tentatives de suicide, suicides, sorties à l’insu du service...).
- Renforcer l’implication de la gouvernance et des chefs de service dans le fonctionnement et l’organisation des services des urgences.