Hépatite C chez l’adulte : une prise en charge simplifiée
Jusqu’à présent dispensé dans des centres spécialisés par des hépatologues ou d’autres spécialistes, le traitement contre le virus de l’hépatite C (VHC) peut désormais faire partie d’une prise en charge simplifiée, sous certaines conditions, par le médecin qui suit le patient au quotidien. Le point sur cette nouvelle prise en charge simplifiée avec Muriel Dhénain, du service des bonnes pratiques professionnelles à la HAS.
La HAS a publié une fiche mémo intitulée « Hépatite C : prise en charge simplifiée chez l’adulte ». Qui sont les patients concernés ?
La prise en charge simplifiée s’adresse aux patients ayant une infection chronique par le virus de l’hépatite C (VHC), à condition qu’ils ne présentent pas de co-infection par le virus de l’hépatite B (VHB) et/ou le VIH, ni d’insuffisance rénale sévère, de comorbidité mal contrôlée (consommation d’alcool à risque, diabète, obésité), de maladie hépatique sévère et/ou de traitement antérieur de l’hépatite C.
Comment se passe le dépistage ?
Les stratégies de dépistage de l’hépatite C sont en cours d’évaluation et les recommandations relatives au dépistage sont donc susceptibles d’évoluer prochainement. Actuellement, il est recommandé de dépister toute personne à risque d’infection par le VHC ou estimant avoir pu être en contact avec le virus, ou pour lesquelles le professionnel de santé pense qu’il y a un risque.
Deux méthodes sont actuellement disponibles : le test Elisa de 3e génération (test immuno-enzymatique) sur un prélèvement sanguin veineux, et, en alternative les Trod (tests rapides d’orientation diagnostique).
En quoi consiste le bilan initial ?
Une fois posé le diagnostic, il est recommandé de rechercher et évaluer les comorbidités, de demander un bilan sanguin (comprenant hémogramme, glycémie à jeun, bilan hépatique et rénal +/- antigènes HBs, anticorps anti-HBs, anticorps anti-HBc, sérologie VIH, si non réalisés lors du dépistage) et d’évaluer la sévérité de la maladie hépatique par une méthode non invasive (test sanguin ou mesure de l’élasticité hépatique).
Dans le cadre d’une prise en charge simplifiée, la recherche du génotype du VHC n’est pas nécessaire.
Quel traitement dans le cadre de la prise en charge simplifiée ?
En l’absence de co-infection par le virus de l’hépatite B (VHB) et/ou le VIH, d’insuffisance rénale sévère, de comorbidité mal contrôlée (consommation d’alcool à risque, diabète, obésité), de maladie hépatique sévère et/ou de traitement antérieur de l’hépatite par antiviral d’action direct (AAD), deux options thérapeutiques sont recommandées, toutes deux pangénotypiques : l’Epclusa® (sofosbuvir/velpatasvir) sur 12 semaines et le Maviret® (glécaprévir/pibrentasvir) sur 8 semaines.
Avant de débuter le traitement, il faut rechercher d’éventuelles interactions médicamenteuses, enquêter sur le recours à l’automédication ou à la médecine naturelle (millepertuis, compléments alimentaires) et insister sur la nécessité d’une observance optimale.
Quel suivi prévoir ?
Douze semaines après l’arrêt du traitement, il est indispensable de faire une recherche quantitative d’ARN du VHC pour mesurer la charge virale. Si l’ARN est indétectable, le patient est considéré guéri. Si l’ARN du VHC est détectable, le patient doit être orienté vers une prise en charge spécialisée.
Par ailleurs, la persistance de comportements à risque (usagers de drogues actifs, comportements sexuels à risque) expose au risque de réinfection. Chez ces patients, une recherche quantitative régulière de l’ARN du VHC doit être proposée.
Enfin, les patients ayant des comorbidités hépatiques (consommation d’alcool à risque, syndrome métabolique) doivent continuer à bénéficier d’un suivi régulier et une éducation à la santé doit leur être proposée.
Peut-on espérer voir disparaître l’infection par le VHC ?
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est fixé pour objectif l’élimination de cette infection (définie comme une diminution de 90 % des nouvelles infections, associée à une réduction de la mortalité liée au VHC de 65 %) à l’horizon 2030. Pour y parvenir, il est nécessaire que 90 % des personnes infectées soient diagnostiquées et que 80 % des personnes diagnostiquées soient traitées.
La prise en charge simplifiée, réalisée au plus près du lieu de vie du patient ou dans un lieu où il est déjà suivi, devrait permettre d’améliorer nos chances d’éliminer l’hépatite C.
* Propos recueillis par Arielle Fontaine (HAS) & Citizen press