Otite séromuqueuse de l’enfant – Les yoyos pour restaurer l’audition
L'otite séromuqueuse (OSM) est une inflammation chronique de la muqueuse de l'oreille moyenne qui se caractérise par un épanchement chronique de plus de 3 mois. Fréquente chez l‘enfant, le plus souvent elle guérit spontanément en quelques mois. Des complications peuvent toutefois survenir lorsque l’OSM persiste, la plus fréquente étant la baisse d’audition (hypoacousie). Le traitement est alors chirurgical. Il repose sur l’insertion d’aérateurs transtympaniques. Explications du Dr Nathalie Poutignat*, du service évaluation de la pertinence des soins et amélioration des pratiques et des parcours (HAS).
La HAS a réalisé une fiche pertinence intitulée « Pose d'aérateurs transtympaniques dans l'otite moyenne séreuse et séromuqueuse chronique bilatérale chez l'enfant », quels sont les objectifs de ce travail ?
Cette fiche présente les points clés du suivi d’un épanchement rétrotympanique une fois repéré chez un enfant par le médecin généraliste ou le pédiatre. Lorsque l’épanchement persiste après trois mois, la surveillance otologique doit être systématique. La fiche rappelle au spécialiste ORL – qui est alors impliqué – la nécessité de vérifier et mesurer le retentissement de l’épanchement sur l’audition avant de décider de la pose d’aérateurs transtympaniques.
La fiche détaille aussi les informations essentielles à transmettre à l’enfant et aux titulaires de l’autorité parentale avant de recueillir leur consentement, notamment en matière de précautions à prendre avant et après l’intervention, lorsque celle-ci est envisagée.
Qu’est-ce qui caractérise l’otite séromuqueuse de l’enfant ?
L'otite séromuqueuse (otites séreuse et sécrétoire) est une inflammation chronique de la muqueuse de l'oreille moyenne qui s’accompagne d’un épanchement chronique après 3 mois. Sa prévalence est bimodale avec un premier pic chez les enfants de moins de 2 ans et un deuxième chez ceux de 5 ans. La prévalence décroît ensuite à partir de 6 ans.
Chez la plupart des enfants, l'otite séromuqueuse guérit généralement spontanément en quelques mois mais son évolution peut être fluctuante et traînante. Des complications peuvent survenir, en particulier dans les situations à risque telles qu’une surdité préexistante ou une pathologie vélaire. La plus fréquente de ces complications est la diminution de l’audition avec un risque chez l’enfant de répercussions sur l’acquisition de la parole et des apprentissages.
Quels sont les traitements possibles, à quel moment et dans quelles circonstances ?
Le traitement le plus souvent proposé est l’insertion d’aérateurs transtympaniques (ATT), également appelés drains transtympaniques, tubes de ventilation, diabolos ou yoyos. Les aérateurs transtympaniques sont des tubes creux placés au travers de la membrane tympanique. Ils améliorent l’aération de l’oreille moyenne en maintenant une ouverture dans le tympan. La pose d’aérateurs est généralement réalisée sous anesthésie générale de courte durée en chirurgie ambulatoire. Les ATT sont ensuite le plus souvent expulsés spontanément 4 mois à 2 ans après la pose.
Le repérage des situations à risque est nécessaire dès la découverte d’un épanchement rétrotympanique et requiert alors une orientation vers le spécialiste ORL qui décide de la pose éventuelle d’ATT, celle-ci étant conseillée dans ces situations.
En l’absence de situations à risque, lorsque l’épanchement persiste après trois mois (OSM) c’est seulement dans le cas d’une diminution de l’audition, constatée par des tests d’audiométrie adaptés à l’âge et réalisés par le spécialiste ORL, que la pose d’aérateurs transtympaniques peut être utile pour restaurer l’audition.
Ces tests ne sont pourtant réalisés que chez un enfant opéré sur trois (selon l’analyse des données de l’Assurance maladie), conduisant à s’interroger sur la pertinence des interventions.
Quelles sont les modalités de surveillance après la pose d’ATT ?
Le contrôle audiométrique après la pose d’aérateurs transtympaniques est important pour vérifier la restauration de l’audition et permettre d’identifier une autre cause de surdité si celle-ci persiste. Ce contrôle, réalisé dans un cas sur trois seulement, selon les données de l’Assurance maladie, est largement insuffisant.
* Propos recueillis par Arielle Fontaine – HAS