Violences : repérer, protéger, accompagner
Violences psychiatriques – Les prévenir dès l’admission
Dans un service de psychiatrie de 15 lits, trois incidents violents se produiraient chaque semaine. Les conditions d’accueil, la place donnée au patient et à son entourage, le repérage des facteurs déclenchants sont autant d’éléments qui limitent les risques de violence.
L’essentiel
- Seuls 2% des patients hospitalisés ont des moments de violence répétées.
- Les victimes de ces violences sont d’abord les professionnels de santé et les autres patients de l’unité de soins.
- Les atteintes physiques sont souvent bénignes, mais l’impact psychologique de ces épisodes est important.
Le point sur la prévention
Peut-on faire participer le patient à la prévention de ses propres moments de violence ?
C’est même indispensable. Le patient et sa famille peuvent participer à cette prévention mise en place en amont de tout incident, à l’admission et en cours d’hospitalisation. S’allier avec le patient pour comprendre l’impact des facteurs déclenchants sur lui permet d’élaborer des stratégies personnalisées de prévention de la violence. Cela peut se traduire par le repérage de signes précurseurs, de circonstances déclenchantes, voire de facteurs de prévention. Même dans les cas les plus graves, le patient en psychiatrie conserve une certaine capacité d’échange et de relation sur laquelle s’appuyer.
Concrètement, que faut-il faire en prévention primaire ?
Tout d’abord, écouter le patient, s’informer de ses antécédents et son histoire, dès son arrivée, en faisant preuve de bienveillance et de considération. Cela permettra de l’associer dans la construction d’un projet individualisé de soins et de prévention de la violence.
Que faire en cas de tension
Comment agir lorsqu’il y a une montée de tension ?
Lorsque l’on constate une montée des tensions, la meilleure réponse est l’anticipation et la possibilité de désamorcer la situation. On peut ainsi, le plus souvent, éviter une escalade vers la violence et rétablir le lien avec le patient sans avoir recours à des mesures de contention ou d’isolement.
Pour cela, le pivot de l’intervention doit être le lien établi avec le patient et la reconnaissance de ce qui est perçu comme insupportable pour lui. Concrètement : identifier les signaux d’alerte, les « petites tensions » du quotidien, écouter le patient et mettre en place les solutions efficaces repérées en amont avec lui pour éviter l’escalade vers la violence.
Comment désamorcer une situation à risque de violence ?
Lorsqu’une situation particulière attire l’attention des soignants et commence à perturber les autres patients (interrogations, craintes, etc.) et l’ambiance générale de l’unité de soins, il faut prévoir le plus rapidement possible une réponse coordonnée et graduée. Une personne soignante, en concertation avec l’équipe, guide le patient vers un espace calme mais visible des autres soignants et propose un entretien qui a l’intérêt d’ouvrir un espace de parole, de limiter l’impact sur les autres patients et d’éviter les phénomènes d’escalade théâtralisée. Une réponse médicamenteuse peut être apportée, en associant activement le patient dans ce choix et en privilégiant la voie per os en première intention.
Et si le désamorçage n’a pas suffi ?
Dans les situations de grande tension, il convient d’ajuster sa réponse de façon proportionnée, en tenant compte du facteur déclenchant identifié et en maintenant le dialogue avec le patient tant qu’il est accessible et disponible pour l’échange. Les stratégies de désescalade et la proposition de réponse médicamenteuse doivent être renouvelées autant que possible. S’il est nécessaire d’intervenir pour contenir physiquement le patient, il faut le faire en ayant conscience qu’il s’agit d’une décision collective de l’équipe de soins, prise après avoir tout mis en œuvre pour essayer d’éviter cette mesure.
Et après ?
Comment agir après une montée de tension ou si l’incident violent n’a pas pu être évité ?
À court terme, la priorité est de prendre en charge et de soutenir les victimes (patients, professionnels, tiers) ainsi que le patient violent, mais aussi de restaurer un fonctionnement d’équipe propice aux relations thérapeutiques avec les patients.
Dans un second temps, comment prévenir de nouveaux incidents ?
Vis-à-vis du patient, il convient de le rassurer quant à ses capacités de contrôle et d’éviter qu’il ait un vécu négatif du moment. Restaurer le lien de confiance est essentiel.
Le fait de revenir sur l’épisode violent en équipe et avec le patient permet de comprendre les éléments déclencheurs, de lister les points à améliorer et de mettre en place des objectifs d’amélioration des pratiques.
Consulter les documents de référence sur le thème : Mieux prévenir et prendre en charge les moments de violence dans l’évolution clinique des patients adultes lors des hospitalisations en services de psychiatrie