Indicateurs – À Villefranche-sur-Saône, l’hôpital montre la voie

Article HAS - Mis en ligne le 29 févr. 2016 - Mis à jour le 12 juin 2019

Les indicateurs de qualité et de sécurité des soins (IQSS) garantissent une meilleure prise en charge des patients. Une étude nationale sur leur utilisation par les établissements de santé a mis en lumière des initiatives novatrices.
Reportage à l’hôpital Nord-Ouest de Villefranche-sur-Saône qui, depuis 2010,
intègre les critères de qualité aux contrats de pôle, avec une prime d’intéressement selon les résultats.

 

Tout a débuté à partir d’un simple constat. « En France, les hôpitaux sont principalement rémunérés par la tarification à l'activité (T2A), c'est-à-dire en fonction de la quantité de soins prodigués. Pourquoi ne pas les récompenser financièrement en fonction cette fois-ci de la qualité des soins et de la prise en charge des patients ? », s’interroge Monique Sorrentino, directrice de l’hôpital Nord-Ouest de Villefranche-sur-Saône. L’établissement joint les actes aux paroles en 2010. « Pour améliorer nos résultats en matière d’indicateurs de qualité et de sécurité des soins (IQSS), nous les avons directement intégrés aux contrats de pôle »1. explique Marie-Rose Teinturier, directrice de la qualité. « Chaque pôle clinique et médicotechnique contractualise dès lors, avec la direction, sur des objectifs d’activité mais aussi de qualité », poursuit Marie-Rose Teinturier. Dans le même temps, et à l’instar des pays anglo-saxons, l’hôpital accompagne les scores obtenus d’un système d’intéressement financier à l’amélioration de la qualité. « Intégrer une rétribution des actions qualité et sécurité des soins fédère davantage que la T2A », estime Marie-Rose Teinturier.


Progrès constatés, équipes valorisées

Premier indicateur qualité retenu pour lancer ce nouveau dispositif : la traçabilité de la douleur. « La question de la douleur renvoie à une valeur fondamentale du service public hospitalier. Par ailleurs, nous avions du retard en la matière », justifie Sabine Laffay, ingénieur qualité. En cinq ans, tous les services ont déployé cet indicateur, pour finir en 2015 par le service de gynécologie. « Des progrès ont été constatés. L’hôpital est passé de 40 à 90 % de traçabilité de la douleur enregistrée poursuit Sabine Laffay. Quant aux équipes soignantes, elles se sentent valorisées lorsque l’on s’intéresse à la qualité de leur travail ».

Après la traçabilité de la douleur, l’établissement de santé a déployé de nombreux autres indicateurs : traçabilité de la courbe du poids, risques d’escarres, dossier anesthésique, infections nosocomiales, respect des bonnes pratiques professionnelles, etc. Parfois en s’éloignant des IQSS, à l’image d’un indicateur sur l’identito-vigilance. Parfois au-delà des services de soins, avec un indicateur sur la gestion des pannes informatiques.


Prime à la qualité

Il n’est donc pas étonnant que l’hôpital de Villefranche-sur-Saône ait été l’un des premiers à se porter volontaires, en 2012, pour participer au programme d’incitation financière à l’amélioration de la qualité (Ifaq) expérimenté par la HAS. « Ce dispositif a confirmé et valorisé notre démarche d’intéressement à la qualité », estime aujourd’hui Monique Sorrentino. En 2014, l’établissement a bénéficié d’une prime à la qualité de 453 000 euros. Une somme en partie investie dans le recrutement d’un ingénieur qualité et le développement de formations en matière de gestion des risques (revues de morbidité-mortalité, « patients traceurs »…).


Des indicateurs de filières

Cette année encore, l’hôpital Nord-Ouest de Villefranche-sur-Saône poursuit sa dynamique, encouragé par la généralisation du dispositif Ifaq. « Nous mettons en place de nouveaux indicateurs de spécialité : prise en charge de l’AVC, de l’infarctus du myocarde et de l’hémorragie du post-partum, etc. », détaille Marie-Rose Teinturier.

Mais surtout, les équipes qualité voient dorénavant au-delà des frontières de l’établissement. « Nous travaillons sur de nouveaux indicateurs non pas au niveau des pôles, mais pour les filières de prise en charge. Pour le cancer du sein par exemple, il s’agit de mesurer et gagner en efficacité sur les délais de prise en charge des patientes, du rendez-vous gynécologique jusqu’à la prise en charge hospitalière », conclut Sabine Laffay.  

 Les indicateurs de qualité et de sécurité des soins (IQSS) en pratique

La HAS, avec les professionnels de santé, a développé des indicateurs de qualité et de sécurité des soins (IQSS). Ils sont destinés à améliorer les pratiques et utilisés à des fins de pilotage interne.
Il existe des IQSS transversaux (dossier patient, dossier anesthésique, réunion de concertation pluridisciplinaire en cancérologie, tableau de bord des infections nosocomiales…) et des IQSS propres à des spécialités (prise en charge de l’infarctus du myocarde, de l’AVC, de l’hémorragie du post-partum…).

En 2016, le dispositif d’incitation financière à l’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins (Ifaq) – expérimenté dans 93 hôpitaux – se généralise (décret du 30 déc. 2015). L’Ifaq est allouée aux établissements de santé en fonction des résultats de leurs indicateurs de qualité et de sécurité des soins (IQSS).

En 2015, la HAS – grâce au travail mené par Anna Goar, stagiaire au service indicateurs pour l'amélioration de la qualité et de la sécurité des soins – a sondé les 93 hôpitaux concernés par l’expérimentation. Les expériences de quatre d’entre eux sont évoquées dans le webzine, la première étant celle de Villefranche-sur-Saône. 

 

1. La loi « Hôpital, Patients, Santé, Territoires » a conforté l’organisation de l’hôpital en pôles. Les contrats de pôles définissent les objectifs de chaque pôle, notamment en matière de qualité des soins, et les moyens financiers qui lui sont attribués.


Article rédigé par l’agence Citizen Press